La police tire des balles réelles
Des policiers hongkongais ont ouvert le feu sur des manifestants dans l’ancienne colonie britannique
HONG KONG | (AFP) Pour la première fois, un manifestant hongkongais a été blessé hier par un tir à balle réelle lors d’affrontements qui ont éclaté en marge de manifestations prodémocratie auxquelles ont pris part des dizaines de milliers de personnes déterminées à gâcher le 70e anniversaire de la Chine populaire.
Cette balle qui a atteint un jeune de 18 ans a été tirée par un policier dont l’unité avait été attaquée par des protestataires dans le quartier de Tsuen Wan, à environ 10 kilomètres du centre-ville, et qui craignait pour sa vie, selon la police. Les policiers ont prodigué les premiers soins au jeune homme avant l’arrivée des secours.
Dominic Raab, chef de la diplomatie du Royaume-Uni, l’ex-puissance coloniale, a dénoncé comme « disproportionné » le recours aux tirs à balle réelle par la police, appelant les deux parties à la « retenue ».
La police a indiqué avoir procédé à 180 arrestations et avoir tiré six fois au total.
Une porte-parole de l’Autorité hospitalière a affirmé que 66 personnes avaient été hospitalisées dans la foulée des manifestations d’hier, dont deux dans un état grave.
REVENDICATIONS
Mobilisés depuis juin, les militants prodémocratie ont répondu en masse à l’appel à crier encore plus fort, à l’occasion de cet anniversaire, leur ressentiment à l’encontre du régime chinois, dénoncer le recul des libertés et la violation, selon eux, du principe « Un pays, deux systèmes » qui a présidé à la rétrocession de l’ex-colonie britannique à la Chine en 1997.
Des affrontements ont fait rage pendant des heures dans différents quartiers du territoire semi-autonome. Des groupuscules radicaux ont lancé des pierres et des cocktails Molotov et la police antiémeute a riposté avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau.
Des barricades ont été incendiées, dégageant une épaisse fumée entre les gratte-ciel de ce centre financier international.
70 ANS DE COMMUNISME
Ces images d’affrontements violents contrastaient avec le gigantesque défilé militaire organisé quelques heures plus tôt, place Tian’anmen, à Pékin.
Accès étroitement contrôlés, centre-ville bouclé : l’immense majorité des Pékinois n’ont eu d’autre choix hier que de suivre à la télévision ou sur leur téléphone le défilé à la gloire des 70 ans du régime communiste.
Sans invitation et papiers d’identité, les citoyens ordinaires sont soigneusement tenus à l’écart des festivités.
Le défilé d’hier sur la place Tian’anmen, à Pékin, a réuni 15 000 soldats, défilant aux côtés de chars d’assaut, missiles nucléaires, ou encore d’un drone supersonique – soulignant l’essor de la Chine, nation jadis pauvre devenue puissance mondiale.
Le président Xi Jinping a de nouveau évoqué le « rêve chinois de la grande renaissance de la nation », qui cherche à incarner la revanche d’un pays moderne et respecté à l’horizon 2050 face à l’Occident.