Ghomeshi : vous voulez rire de nous ?
Dans quelques jours, on soulignera le deuxième anniversaire du mouvement #metoo, #moiaussi.
Une journaliste canadienne-anglaise vient de publier un livre qui fait le bilan des deux années de ce mouvement, et on y trouve des propos qui m’ont fait tomber en bas de ma chaise.
SÉRIEUSEMENT ?
Pour son livre Had it coming : What’s fair in the Age of #metoo, la journaliste Robyn Doolittle a, entre autres, interviewé l’actrice Lucy DeCoutere, l’une des trois femmes ayant accusé l’ancien animateur radio de CBC Jian Ghomeshi d’agression sexuelle. Un extrait du livre vient d’être publié dans le magazine Chatelaine (en anglais).
Vous vous souvenez qu’en 2016, Ghomeshi avait été blanchi des accusations portées contre lui après un procès pénible.
Le juge avait affirmé que les plaignantes avaient menti, manipulé les faits et caché des informations (à la police, aux avocats et en cour).
Dans le cas de DeCoutere, le procès a révélé que le lendemain de la présumée agression sexuelle, elle avait brunché avec Ghomeshi, qu’ils s’étaient fait des câlins sur un banc de parc, s’étaient pris en selfie, qu’elle lui avait envoyé des fleurs et une lettre qui se terminait par la phrase : « J’aime tes mains ». Toutes ces informations avaient été cachées par DeCoutere.
Or, dans son entrevue publiée dans Chatelaine, DeCoutere nous prend un peu pour des valises. Elle affirme qu’elle n’a jamais voulu cacher l’existence de sa lettre à Ghomeshi mais… qu’elle avait « oublié » qu’elle l’avait écrite !
Pour ce qui est des câlins dans le parc et l’envoi de fleurs, DeCoutere affirme à la journaliste qu’elle ne comprenait pas pourquoi ces « détails » étaient si importants !!!! Et elle plaide l’ignorance. « On ne m’a jamais expliqué, ni la police ni la Couronne : “Tu as peut-être fait des trucs embarrassants, peut-être que ça regarde mal, tu devrais tout nous dire” ».
Misère ! Elle avait vraiment besoin de se faire expliquer qu’il ne fallait rien cacher aux policiers, aux avocats et au juge ?
Au procès, il a été démontré que DeCoutere avait échangé 5000 messages avec une autre plaignante, qu’elles s’étaient parlé de la cause, qu’elles avaient comploté en « équipe » pour faire tomber celui qu’elles appelaient « le con ». Comment DeCoutere explique-t-elle cela ? « Personne ne m’a dit que je n’avais pas le droit de parler aux autres plaignantes », affirme-t-elle dans Chatelaine.
Le pire, c’est que la journaliste gobe tout ça sans jamais remettre en question les énormités de DeCoutere.
Dans plusieurs causes d’hommes connus accusés d’inconduite sexuelle, je suis renversée par la complaisance des médias, par leur biais pro-femmes, comme si les journalistes refusaient d’admettre qu’une femme puisse mentir ou briser des lois !
LA PIRE CAUSE
Ça m’enrage que le procès Ghomeshi soit toujours présenté par certaines féministes, encore aujourd’hui, comme la preuve que notre système de justice gère mal le traitement des causes d’agressions sexuelles, alors que c’est le pire exemple de plaignantes qui ont bafoué la loi.
Ça m’enrage que Chatelaine publie un article dans lequel la journaliste n’est pas plus critique face aux énormités débitées par une femme qui a caché de l’information à la justice.
Quand je vous parle des dérapages de #metoo, c’est exactement à ça que je fais référence.