Le Journal de Montreal

Un restaurate­ur conteste le port de chaussures de sécurité

Des employés qui manipulent des couteaux pourraient se blesser aux pieds

- ANTOINE LACROIX

Un homme d’affaires entend contester devant les tribunaux une décision qu’il considère « ridicule » de la CNESST, qui l’obligerait à fournir des « caps d’acier » à ses employés de cuisine pour éviter des blessures avec les couteaux.

« En 58 ans en restaurati­on, je n’ai jamais vu un cuisinier se blesser comme ça à un pied. C’est complèteme­nt irréaliste, a dénoncé au Journal Peter Sergakis. C’est un inspecteur un peu trop zélé qui voulait justifier son salaire. »

Celui qui possède un empire d’une quarantain­e de restaurant­s et de bars est furieux depuis qu’un inspecteur de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a imposé en août à la Brasserie Le Manoir, dans le quartier montréalai­s Notre-Damede-Grâce, le port de souliers de protection pour les employés qui manipulent des couteaux.

« Je vais contester tout ça. Je suis prêt à me rendre jusqu’au bout [du processus judiciaire] s’il le faut », a-t-il affirmé.

Selon le restaurate­ur, le risque de blessures à un pied en cuisine est « pratiqueme­nt inexistant ». Pour appuyer ses dires, il a fait tomber à plusieurs reprises un couteau sur le sol.

« Tu vois, je ne dis pas n’importe quoi. Ça tombe toujours du côté du manche, le côté le plus lourd », s’est exclamé M. Sergakis.

« INGÉRABLE »

Il ajoute que tout gestionnai­re de bar ou de restaurant doit s’assurer de fournir l’environnem­ent de travail le plus sécuritair­e possible à ses employés.

« Des blessures, on n’en veut pas. Si la CNESST s’attaquait à un réel problème, je me plierais à la recommanda­tion. Mais là, il n’en est rien », a indiqué M. Sergakis, craignant que l’organisme veuille étendre cette mesure partout au Québec.

« Ça deviendrai­t ingérable, s’indigne-t-il. Faudrait tenir des stocks de caps d’acier. Déjà qu’on vit des temps plus difficiles, ce sont des coûts supplément­aires que personne ne peut se permettre. »

CAS PAR CAS

Contactée par Le Journal, l’Associatio­n Restaurati­on Québec (ARQ) a reconnu qu’il s’agit là d’une mesure « peu fréquente » qui peut être imposée par la CNESST « au cas par cas ».

« On ne voudrait pas que ce soit généralisé dans toute l’industrie. [...] Ça deviendrai­t un gros volume de chaussures et il y a beaucoup de roulement dans le milieu », a reconnu Martin Veilleux, responsabl­e des communicat­ions et affaires publiques.

Du côté de la CNESST, on ne pouvait pas commenter le cas particulie­r de la Brasserie Le Manoir, puisque la décision est contestée au Tribunal administra­tif du travail.

« Je peux dire que c’est un article de la loi [qui permet une telle obligation] et c’est quelque chose qui est demandé depuis des années », a indiqué Julie Robitaille, responsabl­e des communicat­ions pour la région de Montréal.

 ?? PHOTO AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD ?? L’homme d’affaires Peter Sergakis est furieux depuis qu’un inspecteur de la CNESST a imposé en août dernier à la Brasserie Le Manoir, de Montréal, le port de souliers de protection pour les employés qui manipulent des couteaux.
PHOTO AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD L’homme d’affaires Peter Sergakis est furieux depuis qu’un inspecteur de la CNESST a imposé en août dernier à la Brasserie Le Manoir, de Montréal, le port de souliers de protection pour les employés qui manipulent des couteaux.

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