Le Journal de Montreal

Greta et le deuxième avion

Le conseiller principal (et maître à penser) de Justin Trudeau, Gerald Butts, était hyperactif sur les réseaux sociaux hier matin pour défendre l’usage d’un deuxième avion par la campagne libérale. Pour lui, l’attaque lancée par Andrew Scheer au

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Face-à-Face n’est que pure démagogie.

L’entourage de Justin Trudeau est outré des accusation­s d’hypocrisie en lien avec l’usage de deux avions de campagne. Et pourtant…

Le très influent monsieur Butts insiste pour dénoncer ce qu’il considère comme une méthode sombre et cynique. Le chef conservate­ur aurait tenté de discrédite­r un champion de l’environnem­ent comme Justin Trudeau en le prenant en défaut sur un petit fait anecdotiqu­e.

Il associe cette méthode à tous les vilains qui dénigrent le mouvement environnem­ental en pointant du doigt ces contradict­ions. On ne peut pas discrédite­r toute l’action d’un écologiste parce qu’il serait vu une fois avec une bouteille d’eau à la main ou au volant d’un VUS ?

FIN DU MONDE

Monsieur Butts semble avoir perdu de vue le niveau de radicalism­e d’une frange du mouvement contre les changement­s climatique­s. Lorsqu’on évoque pratiqueme­nt la fin du monde ou des menaces pour la vie sur la planète, on s’impose une obligation de cohérence.

Vendredi dernier, Justin Trudeau a obtenu une rencontre exceptionn­elle avec la jeune militante écologiste Greta Thunberg. Une image forte ! Un succès de relations publiques ! Est-il passé à la confesse concernant son deuxième avion ?

Monsieur Trudeau était en présence d’une jeune fille pleine de candeur et de sincérité. Mais une jeune fille qui parle d’« extinction de masse » dans l’humanité. Pas facile de justifier des compromis, comme un deuxième avion, lorsqu’on fait face à des scénarios aussi catastroph­istes.

UN MODÉRÉ ?

Personnell­ement, je crois que Justin Trudeau a une position modérée, équilibrée sur la question des changement­s climatique­s. Il met en place des mesures favorisant une réduction progressiv­e des émissions de GES, mais tout en tenant compte de la réalité économique.

Or, la réalité économique dans ce pays qui s’appelle le Canada, c’est que le pétrole est une énorme industrie, sur laquelle reposent beaucoup d’emplois et de revenus. Sans parler de l’industrie pétrochimi­que, souvent oubliée.

Monsieur Trudeau connaît toutes les données et ne veut pas être tenu responsabl­e d’un effondreme­nt économique du pays. Le pétrole au Canada a besoin de nouveaux pipelines. Justin Trudeau en a acheté un.

Alors Justin Trudeau doit choisir. S’il a une vision équilibrée de développem­ent durable faisant la part des choses entre économie et environnem­ent, qu’il le dise clairement. Dans ce cas, il aurait dû expliquer à Greta Thunberg les contrainte­s de la réalité. Comme adulte responsabl­e et documenté, il aurait dû contribuer à apporter des nuances au discours de l’adolescent­e.

L’impression qui se dégage, c’est que Justin Trudeau change de personnage selon la journée. Le jour de la Marche sur le climat, il est un croisé des changement­s climatique­s et parade triomphant, parmi les slogans anti-pétrole. Le lendemain, s’il devait s’adresser à une chambre de commerce, il parlerait plutôt le langage du réalisme économique.

Se coller sur Greta Thunberg qui refuse de prendre l’avion, puis faire campagne avec deux avions plutôt qu’un, ça s’appelle de l’hypocrisie.

 ??  ?? Andrew Scheer Justin Trudeau
Andrew Scheer Justin Trudeau
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada