Le Journal de Montreal

Poursuite contre d’ex-centres d’accueil

La maltraitan­ce d’enfants y était monnaie courante

- MICHAËL NGUYEN Gazette

Une femme qui a subi l’horreur des centres d’accueil au Québec dans les années 1960 et 1970 veut intenter une action collective contre l’État, qui pourrait atteindre plusieurs millions de dollars.

« Eleanor Lindsay a enduré les traitement­s les plus cruels et débilitant­s par des institutio­ns qui devaient la protéger. Sa vie et celle d’autres enfants ont été pour toujours estropiées », peut-on lire dans le document de cour déposé cette semaine au palais de justice de Montréal.

Mme Lindsay, maintenant âgée de 59 ans, explique avoir immigré au Québec à l’âge de 7 ans. Puis, en raison de problèmes familiaux, elle a dû être placée en centre d’accueil.

CAUCHEMAR

C’est là qu’a commencé son cauchemar, relate-t-elle.

En plus de passer des jours enfermée dans une cellule sans raison valable, elle aurait été médicament­ée de force, en plus d’être témoin d’abus physiques et sexuels sur des enfants par des membres du personnel.

DÉNONCER

Cette situation, dévoilée par une journalist­e de la en 1974, avait causé une commotion, entraînant la création d’un comité d’étude.

« Telle qu’elle se pratique actuelleme­nt, la détention donne lieu à des pratiques aberrantes, pouvait-on lire dans le rapport Batshaw sur la réadaptati­on des jeunes placés en centres d’accueil, publié en 1976. Dans l’état actuel des choses, il est permis de croire que les séjours en détention ne font aucun bien à l’enfant et ils risquent de lui causer un tort irréparabl­e. »

Les choses ont depuis changé, et après des décennies à vivre dans la honte, Mme Lindsay a finalement décidé de lever la tête et de dénoncer ce qu’elle et des milliers d’autres enfants ont vécu.

Elle réclame 500 000 $, ainsi que des dommages punitifs qui ne sont pas encore chiffrés.

À moins d’un règlement à l’amiable, la demande d’action collective sera présentée d’ici les prochaines semaines.

Le processus, qui doit d’abord passer le stade de l’autorisati­on, pourrait toutefois prendre plusieurs années.

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