Il tue un aîné lors d’une dispute
L’accusé estime que le cas est complètement différent de celui où il a causé la mort d’un olympien, en 1989
Un Montréalais qui a causé la mort d’un champion olympique, il y a 30 ans, aurait dû y réfléchir à deux fois avant de tuer un aîné lors d’une dispute dans une soirée karaoké, a plaidé hier la Couronne en réclamant trois années de pénitencier.
« Trente ans après avoir causé une mort, on peut imaginer que Glen Crossley aurait pensé à régler [le conflit] pacifiquement, c’est la deuxième fois qu’il contribue à la mort de quelqu’un », a lancé Me Philippe Vallières-Rolland, hier au palais de justice de Montréal.
Crossley, 49 ans, était de retour en cour, pour les plaidoiries sur la peine à lui imposer pour l’homicide involontaire du septuagénaire Albert Arsenault, survenu le 17 septembre 2016 au bar Station 77, à LaSalle.
POUR UNE « JOLIE FEMME »
Ce soir-là, Crossley était allé assister à une soirée karaoké. Il y aurait croisé une « jolie femme », avec qui il aurait fumé une cigarette à l’extérieur. Puis, en rentrant, il aurait aperçu le septuagénaire agripper la femme. En voulant la « sauver », il a poussé M. Arsenault qui a déboulé des escaliers pour se cogner la tête. Il est décédé peu après.
« Je n’avais pas l’intention de le blesser, c’est le pire résultat qui est arrivé… Je pensais qu’il était OK, a témoigné Crossley, hier. Je n’avais rien contre monsieur. »
Pour la fille de la victime, toute sa vie a été chamboulée depuis le décès tragique.
« Le matin [du drame], mon père m’a
appelée pour me dire qu’il m’aimait… C’était la dernière fois que je lui parlais », a expliqué Rachel Arsenault, dans une lettre présentée à la cour.
Elle a rappelé que son père était un homme bon et avenant, toujours prêt à aider les autres. Dès qu’il avait pris sa retraite, il s’était inscrit pour faire du bénévolat, a-t-elle ajouté.
« Sa mort nous a causé un choc, ses petits-enfants sont traumatisés », a écrit la femme.
« MALCHANCE »
Aux yeux de la Couronne, Crossley mérite trois ans d’incarcération, d’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’il cause la mort d’un homme. En 1989, il avait mortellement happé le champion de natation Victor Davis lors d’un délit de fuite, à la sortie d’un bar de Montréal.
L’impact avait été si brutal que le corps de l’olympien avait été projeté sur 17 mètres, avait rappelé un juge en 1992 avant de condamner Crossley à 10 mois de prison.
Mais Crossley assure qu’il s’agit de deux cas complètement différents.
« [M. Davis] avait sauté sur ma voiture, je n’appelle pas ça contribuer à la mort, a dit l’accusé. Là c’est différent, c’est de la malchance. La première fois, ç’a changé ma vie pour toujours. Et maintenant ça… Je ne peux pas souffler… »
Son avocate Annie Émond recommande pour sa part entre 9 et 12 mois de prison, rappelant qu’entre la mort de M. Davis et celle de M. Arsenault, Crossley n’avait commis aucun crime.
Le juge Daniel Royer rendra sa décision en janvier.