Du théâtre incisif
Le meilleur des mondes vaut le déplacement
Avec une mise en scène imaginative, des comédiens convaincants, un texte savoureux et un propos incisif, Le Meilleur des mondes offre le meilleur au Théâtre DenisePelletier. Voilà un bel hommage à l’oeuvre du Britannique Aldous Huxley, dont le fameux roman de science-fiction écrit en 1932 dépeignait le côté sombre d’une société futuriste où tous seraient satisfaits.
L’adaptation de Guillaume Corbeil mise sur l’humour, sans toutefois occulter le côté triste de ce monde. D’une simplicité désarmante, les slogans lancés par les protagonistes sont percutants. Les références au présent sont nombreuses, mais cohérentes dans cet univers présenté par le metteur en scène Frédéric Blanchette.
LA TECHNOLOGIE
Au sein de cette communauté, la technologie est centrale dans l’atteinte du bonheur. L’assistant vocal rend facile la vie des citoyens, prodiguant à la fois des conseils et livrant les commandes passées par son propriétaire. Son degré d’efficacité fait en sorte qu’on se demande bien qui est le maître à bord : l’humain ou la machine ?
La vie de Bernard et de ses collègues (joués par Ariane Castellanos et Mohsen El Gharbi) est bousculée par l’arrivée d’une mère (Kathleen Fortin) et de son fils (Benoît Drouin-Germain) qui viennent de l’extérieur des murs. Tels des réfugiés, ces derniers proviennent de territoires marqués par la misère et la saleté, loin de l’utopie dans laquelle sont enfermés ces nouveaux humains créés en laboratoire.
Inspiré par la littérature et la dramaturgie, le fils tente alors de soulever la contestation, mais ses tentatives seront habilement récupérées par le système, dirigé par le personnage auquel Macha Limonchik prête ses traits. Ce désir de révolution est ainsi détourné en Festival de l’indignation et en produits dérivés cool, qui servent finalement à atteindre l’objectif ultime : le contentement.
Cette pièce réussit donc à nous amener ailleurs, à nous présenter un univers crédible, tout en parlant de notre présent. Le bonheur est-il une fin en soi ? Pourquoi vivre si on n’est pas heureux ? Cette quête du bien-être au mépris de la raison critique a quelque chose d’inconfortable que cette oeuvre traduit à merveille.
La pièce Le Meilleur des mondes est présentée jusqu’au 25 octobre au Théâtre Denise-Pelletier.