L’humour vert
Vous avez entendu parler de cette candidate du Parti vert (PVC) dont certaines des affiches sont uniquement en anglais ?
Eh bien, elle voulait « faire une blague », m’at-elle expliqué récemment, en marge d’une conférence de presse de la chef Elizabeth May à Montréal.
« Be(e) yourself, vote
green », peuton lire sur certaines affiches de Jency Mercier, candidate dans Verdun.
« Je suis apicultrice », note-t-elle dans la langue de Molière. « Et bee, c’est abeille [en anglais] ; dans le fond, c’est un jeu de mots que j’ai fait […] j’en ai placé une aux Serres de Verdun où je travaille. »
Comme disent mes enfants, « fallait être là ».
HUMOUR ?
Ce n’est pas l’unique pancarte unilingue anglaise de Mme Mercier. Sur une autre, on peut lire : « Vote green,
we won’t let you down !»
Ici, pas de blague, semble-t-il. À moins que ce ne soit de l’humour vert ?
J’ai cru à une blague, toutefois, lorsqu’on m’a informé que Mme Mercier avait déjà été membre de l’exécutif du PQ Verdun jusqu’en 2015, ce qu’elle confirme.
En 2013, elle avait été candidate à la mairie de Verdun pour Intégrité Montréal, le parti de Michel Brûlé (souverainiste ardent, éditeur, actuellement devant les tribunaux pour une affaire d’agression sexuelle).
Mme Mercier vient s’ajouter à la liste des personnes souverainistes ou ex-souverainistes du Parti vert! Il y a entre autres Pierre Nantel (dans Longueuil) et Luc Joli-Coeur (dans Québec).
Contacté hier, M. Joli-Coeur, ancien des cabinets péquistes, n’hésite pas à qualifier les affiches anglophones de Mme Mercier de « faux pas » de la part de son parti. Il confie d’ailleurs s’en être plaint à l’organisateur, Robin Marty, qui lui a répondu que c’était une initiative personnelle de Mme Mercier.
Joli-Coeur nuance : « Mme Mercier est une bonne personne, elle a fait une erreur et l’a corrigée », avant de préciser qu’« à sa connaissance », les affiches controversées ont été retirées.
Mais hier après-midi, le PVC me précisait que « Jency Mercier n’a pas enlevé ses pancartes unilingues ». Croyant calmer le #mononc101 que je suis, il ajouta : « La grande majorité de ses pancartes sont en français. »
La candidate n’a pas retiré ses affiches, malgré la controverse soulevée, même au sein même du Parti vert
PAS DE RÈGLE
Vous me rétorquerez qu’aucune règle ne régit la langue des affiches électorales, et c’est juste.
Je crois, moi, que les candidats devraient respecter, dans cette communication importante, l’esprit des lois linguistiques : Loi sur les langues officielles du Dominion au pire ; et, au mieux, Charte de la langue française du Québec.
J’ai fait remarquer à Mme Mercier que ses affiches en anglais contrevenaient à l’esprit de la loi 101. Sa réponse ? « Dans ma circonscription, il y a de nouveaux arrivants qui ne parlent ni français ni anglais, ils parlent espagnol, ils parlent d’autres langues. » À quoi bon alors leur écrire uniquement en anglais ?
Non, le français devrait être la langue de convergence au Québec, le creuset dans lequel on s’intègre. Et l’affichage devrait constamment envoyer ce signal.
Mais il y a peut-être encore de l’humour vert ici. Si oui, je ne le pige manifestement pas.