Le Journal de Montreal

Le débat sur l’avortement beaucoup trop superficie­l

La Fédération des femmes du Québec se dit déçue

- AMÉLIE ST-YVES

La présidente de la Fédération des femmes du Québec aurait souhaité que les prises de position des chefs sur l’avortement dans la dernière semaine de campagne électorale débouchent sur un débat plus profond.

Gabrielle Bouchard aurait notamment voulu entendre parler d’accessibil­ité à l’avortement en région éloignée, ou de pression pour que des femmes de certains groupes se fassent avorter, notamment chez celles qui ont un handicap important.

Il est sain qu’on parle d’avortement en campagne électorale, selon elle, mais il faut aller plus loin.

« Si on en parle juste pour parler du droit ou non à l’avortement, on manque la cible. C’est une façon de ne pas aller dans la profondeur à laquelle on doit aller pour être capable d’avoir une vraie conversati­on de société », mentionne-t-elle.

La bataille est loin d’être gagnée en termes de droits reproducti­fs selon elle, et il faut réfléchir aux inégalités sur le territoire.

Rappelons que le chef du Parti conservate­ur du Canada Andrew Scheer a admis qu’il était pro-vie mercredi, au lendemain du débat en français dans lequel il a martelé que le débat ne serait pas rouvert s’il prenait le pouvoir. De son côté, le chef libéral Justin Trudeau a indiqué qu’il avait déjà été contre l’avortement tout en respectant le droit de choisir, et qu’il ne s’opposait désormais plus à l’avortement.

« Ce ne serait pas juste pour le débat ou pour les droits des femmes de dire que si les chefs s’engagent à ne pas rouvrir le débat, on a réglé la situation. C’est pointer vers quelque chose qui est un épouvantai­l, alors qu’il y a de vrais problèmes sur le terrain », souligne Mme Bouchard.

MANIFESTAT­ION À QUÉBEC

Par ailleurs, le Regroupeme­nt des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale a manifesté hier à Québec pour affirmer que le droit à l’avortement est non négociable.

La directrice générale du Regroupeme­nt Nancy Beauseigle abonde dans le même sens que Mme Bouchard et aurait souhaité plus de profondeur de la part des chefs.

« On voudrait des engagement­s pour rendre les services plus accessible­s », mentionne-t-elle.

Une cinquantai­ne de femmes ont manifesté à proximité d’une manifestat­ion provie et il n’y a pas eu d’escarmouch­e entre les deux groupes, selon Mme Beauseigle.

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