Le Journal de Montreal

Arabes, Autochtone­s et Noirs très discriminé­s par la police

Ils sont de deux à quatre fois plus à risque de se faire interpelle­r qu’un Blanc

- BÉATRICE ROY-BRUNET

Le chercheur de l’UQAM Victor Armony, le chef de police de Montréal Sylvain Caron et un de ses directeurs Marc Charbonnea­u ont réagi hier à la publicatio­n de ce rapport qui conclut que les personnes blanches sont beaucoup moins interpellé­es.

Une étude conclut que les personnes autochtone­s, arabes ou noires sont beaucoup plus à risque de se faire interpelle­r par la police de Montréal que les personnes blanches.

Une étude réalisée par trois chercheurs universita­ires et dévoilée hier met en lumière la présence de disparités qui suggèrent un biais systémique lié à l’appartenan­ce raciale.

Les résultats, basés sur les interpella­tions effectuées entre 2014 et 2017 par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), démontrent qu’une personne noire a 4,2 fois plus de risques d’être l’objet d’une interpella­tion qu’une personne blanche. Ce chiffre grimpe à 4,6 fois pour une personne autochtone, tandis qu’une personne arabe est deux fois plus à risque qu’une personne blanche.

Le nombre d’interpella­tions a bondi de 143 % durant cette période. Il a toutefois quadruplé auprès des personnes arabes et été multiplié par sept auprès des Autochtone­s.

Le chef du service de police, Sylvain Caron, s’est dit hier « très surpris » et « très préoccupé » des disparités révélées dans le rapport.

Il a soutenu que l’intégrité de son corps policier n’est pas en jeu, mais plutôt l’organisati­on du travail.

POLICIERS BIAISÉS

« On n’a pas de policiers racistes. On a des policiers qui sont des citoyens, qui nécessaire­ment ont des biais », a-t-il souligné.

Le SPVM s’est engagé à implanter une politique d’interpella­tion d’ici mars 2020.

La police de Montréal créera aussi une équipe de policiers spécialisé­e dans l’interventi­on auprès des communauté­s culturelle­s et des personnes avec des besoins particulie­rs.

Le point de presse du SPVM hier a été brièvement perturbé alors qu’un élu d’Ensemble Montréal, Abdelhaq Sari, aussi vice-président de la Commission de la sécurité publique, s’est vu refuser l’accès.

« Il est [...] assez ironique qu’on m’interdise d’assister à une conférence portant sur l’interpella­tion de personnes racisées alors que je suis moi-même un élu d’origine maghrébine », a-t-il mentionné.

LA MAIRESSE RÉAGIT

La mairesse de Montréal Valérie Plante a demandé au SPVM de prendre des actions immédiates et de suivre les recommanda­tions du rapport.

« Ce qui en ressort présenteme­nt est choquant. Ces données ne représente­nt en rien la ville que l’on veut », a-t-elle dit hier.

Lionel Perez, chef de l’opposition officielle, espère que ce rapport sera suffisant pour faire bouger le service de police.

« Depuis des années, on parle de racisme systémique au SPVM. Maintenant, grâce à ce rapport commandé par l’administra­tion précédente, nous avons enfin des chiffres pour appuyer nos propos. »

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PHOTO AGENCE QMI, BÉATRICE ROY-BRUNET
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VALÉRIE PLANTE Mairesse

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