Le doublage en crise
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L’industrie du doublage québécois aurait pu disparaître en 2015 si les doubleurs n’avaient pas accepté de diminuer leurs tarifs d’environ 25 %. La catastrophe a été évitée, mais la situation demeure précaire pour les doubleurs.
« Si on n’avait rien fait, le doublage au Québec se serait éteint, laissant la bête saigner dans l’indifférence la plus totale », dit Guy Nadon, qui double des acteurs tels que Morgan Freeman et Jack Nicholson.
« C’était une question de survie et il fallait baisser nos tarifs », affirme le vice-président de l’Union des artistes, Louis-Georges Girard expliquant que certains pays offraient le doublage à des prix dérisoires, forçant l’industrie québécoise à revoir ses prix.
Conclusion, plusieurs contrats ont échappé au Québec avant cet ajustement.
GUÈRE MIEUX
L’industrie du doublage québécois a survécu à la crise de 2015, mais la plupart des acteurs ont constaté qu’ils doublaient moins qu’avant.
« Je pouvais travailler sur une trentaine de films par année, estime Catherine Proulx-Lemay qui prête sa voix, entre autres, à Megan Fox et à Zoe Saldana. Depuis janvier, je n’en ai doublé que cinq. »
Selon les acteurs interrogés par
Le Journal au printemps derfilms nier, il y a moins de qui sont produits depuis quelques années.
Manuel Tadros, qui fait du doublage depuis une trentaine d’années, a aussi remarqué une diminution. « Je pouvais en faire une centaine par année et maintenant c’est une trentaine. »
SURIMPRESSION VOCALE
Depuis quelques années, les acteurs ont réalisé qu’il y avait maintenant davantage de surimpressions vocales en raison des chaînes spécialisées qui se font plus nombreuses.
La surimpression vocale consiste à doubler une autre voix par-dessus la voix originale que l’on entend comme dans l’émission World of Dance : La Compétition. François Deschamps, qui siège au conseil d’administration de l’Association nationale des doubleurs professionnels, estime que la surimpression vocale a maintenant dépassé le doublage traditionnel en tant que quantité de contrats.
« Le doublage au cinécoûte ma environ deux fois plus cher que la surimpression vocale », dit-il.
« On double environ 60 lignes à l’heure pour un film tandis que c’est environ 200 lignes à l’heure pour la surimpression vocale », calcule Manuel Tadros. L’acteur Pierre-Yves Cardinal, dont on a entendu la voix dans l’émission Ninja Warrior – Le parcours ultime, a mentionné que la surimpression vocale peut représenter environ 40 % de son revenu annuel. « Ça m’aide à vivre », dit sans détour celui qui fait aussi du doublage pour le cinéma, dont la voix de l’acteur Chadwick Boseman dans La panthère noire.