Le Journal de Montreal

Du pareil au même

- RODGER BRULOTTE rodger.brulotte@ quebecorme­dia.com

Avant le début de la saison, le baseball majeur avait lancé le slogan « Laissez les enfants jouer », qui met en vedette Mike Trout et d’autres joueurs d’élite.

Tout au long de la campagne, on a vu les joueurs qui célébraien­t après un coup de circuit avec des danses dans l’abri, des simulation­s de prises de photos, des égoportrai­ts imaginaire­s, etc.

Plus près de nous, une scène nous revient en tête.

Lors d’un match entre le Canadien et les Capitals de Washington au Centre Bell l’an dernier, Alex Ovechkin s’est approché de Carey Price en l’applaudiss­ant après que ce dernier eut effectué un arrêt spectacula­ire pour lui voler un but.

LE FAMEUX BAT FLIP

Dans nos souvenirs un peu plus lointains, il y a ce match entre les Blue Jays et les Rangers du Texas dans les séries d’après-saison de 2015 au Rogers Center, quand Jose Bautista a frappé un retissant coup de circuit pour donner la victoire aux Jays, suivi de son bat flip, qui est désormais célèbre.

Ce fameux bat flip est apparu dans des campagnes publicitai­res, sur des cartes de baseball, des photos et des affiches inspirées du fameux geste de Bautista.

Il y eut des conséquenc­es l’année suivante. La tension s’était accumulée lors du dernier affronteme­nt entre les deux équipes en saison régulière depuis le bat

flip de Bautista. On a vécu des moments très intenses. Matt Bush, une recrue âgée de 30 ans, a atteint Bautista en guise de représaill­es pour le geste que le joueur des Blue Jays avait posé l’année précédente.

La cloche a sonné, comme le diraient si bien Patrick Laprade et Kevin Raphaël, les experts de la lutte à TVA Sports. La suite des choses allait être digne d’un combat royal de lutte.

Bautista y est allé d’une glissade agressive au deuxième coussin pour essayer d’empêcher Rougned Odor, deuxième-but des Rangers, de compléter le double-jeu. Bautista et Odor se sont bousculés et sans avertissem­ent, une droite d’Odor a atteint Bautista au visage. Le violent coup lui a fait perdre son casque et ses lunettes soleil. Il n’en fallait pas plus pour que les bancs se vident. Résultat : huit joueurs et entraîneur­s ont été expulsés au cours du match, dont six après cette mêlée. Après le match, Bautista a déclaré : « Odor m’a bien frappé d’aplomb ».

LOI NON ÉCRITE

Le comble du ridicule, c’est la fameuse loi non écrite qu’un joueur n’a pas le droit de ridiculise­r l’équipe adverse par un geste provocant.

Lundi soir, on a assisté à toute une fin de match des séries opposant les Braves d’Atlanta aux Cardinals de St. Louis.

En huitième manche, Yadier Molina, des Cards, a frappé un coup sûr permettant à son coéquipier de marquer pour créer l’égalité. Et ce n’était pas fini. En fin de dixième manche, la foule de St. Louis se lève en criant à l’unisson « YADI ! YADI ! » alors qu’il se présente au bâton avec le point de la victoire au troisième but et un coureur au premier but avec seulement un retrait.

Je n’ai pas pu m’empêcher de penser au fameux poème Casey at bat, alors que le héros local avait soulevé sa main pour signifier aux partisans de ne pas s’inquiéter, car il allait faire marquer le point de la victoire. La foule a quitté le stade en pleurant, car Casey avait été retiré sur trois prises pour mettre fin au match.

La foule hurle toujours « YADI ! YADI !» Quelques secondes plus tard, c’est l’hystérie dans la foule alors que le valeureux guerrier des Cards frappe un ballon au champ gauche. Il longe la ligne du premier but avec son bâton dans les mains, les yeux suivant la trajectoir­e la balle. Le voltigeur saisit la balle. Le coureur au troisième but fonce vers le marbre et marque le point de la victoire.

LES BRAVES RESTENT CALMES

J’ai surveillé de près l’exubérant Yadier, qui a toujours son bâton dans ses mains. Soudaineme­nt, il fait tournoyer son bâton vers le champ droit, exprimant ainsi sa joie.

Est-ce qu’il y a une différence entre son geste et celui de Bautista ? Aucunement. Chaque fois, ce n’était qu’un geste de joie et non pas dans le but de ridiculise­r l’adversaire.

Contrairem­ent aux Rangers il y a quatre ans, les Braves ont accepté le geste de Molina.

Dans les prochains affronteme­nts, les lanceurs des Braves ne tenteront pas d’atteindre Molina. Il n’y aura pas de représaill­es. D’ailleurs, nos grands prêcheurs de la morale dans le monde du baseball n’ont pas critiqué le geste de Molina, contrairem­ent aux critiques haineuses que Bautista a dû subir.

Pourtant, les gestes de Molina et de Bautista, c’est du pareil au même !

La suite des choses allait être digne d’un combat royal delutte

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