Le Journal de Montreal

« Une tradition ancienne et désuète »

Kyle Okposo apprécie la politique des Sabres de mettre fin aux entraîneme­nts matinaux

- JONATHAN BERNIER

BUFFALO | De l’Allemagne à la Suisse en passant par l’Autriche, les Oilers d’Edmonton et Hockey Canada, Ralph Krueger a roulé sa bosse dans le monde du hockey. Embauché à titre d’entraîneur-chef des Sabres en mai dernier, l’homme de 60 ans amène avec lui un bagage et une culture du hockey qui n’est pas toujours la norme de ce côté-ci de l’Atlantique.

À n’en point douter, l’interdicti­on formelle lancée à ses joueurs de sauter sur la glace le matin de certains matchs en fait partie.

« Il n’y a rien qui soit coulé dans le béton, mais à court terme, c’est le plan. C’est une question de sauvegarde d’énergie. Nous irons en Suède au début de novembre. Pour cette raison, l’horaire de notre début de saison est très condensé (13 matchs en 25 jours, dont un périple de trois rencontres en quatre soirs en Californie) », a expliqué l’entraîneur-chef des Sabres.

Finis, donc, les entraîneme­nts matinaux chez les Sabres. Une tradition pourtant ancrée chez les joueurs de hockey depuis la nuit des temps. Comme ils s’en trouvent toujours des plus zélés que d’autres dans un vestiaire, Krueger devra certaineme­nt en avoir quelques-uns à l’oeil pour s’assurer que la consigne soit observée par tous.

Dans le cas de Kyle Okposo, l’ancien entraîneur de l’équipe nationale suisse peut dormir à poings fermés.

« J’accueille cette politique à bras ouverts. Je déteste les entraîneme­nts matinaux. À mes deux dernières années à Long Island, nous n’en avions pas. J’ai dû m’y habituer de nouveau en arrivant ici », a-t-il raconté à l’auteur de ces lignes.

« C’est une tradition ancienne et désuète. C’est de la vieille école, a martelé Okposo, qui amorce sa quatrième saison à Buffalo. Tu n’oublies pas comment jouer au hockey parce que tu ne t’entraînes pas le matin même. Au contraire, tu économises ton énergie ! S’entraîner quelques heures avant un match, je ne suis même pas certain que ça se voit dans un autre sport. »

« ENTRE LES DEUX OREILLES »

À quelques pas de lui, dans le vestiaire des Sabres du KeyBank Arena, Jack Eichel abondait dans le même sens.

« Dans certaines situations, lorsque tu reviens d’une journée de congé ou d’un déplacemen­t, les entraîneme­nts matinaux ont leur raison d’être. Mais dans la plupart des cas, c’est beaucoup de temps passé sur la glace que nous pouvons utiliser pour reprendre des forces », a indiqué le capitaine des Sabres.

D’accord. Mais qu’en est-il des gardiens, ces petites bêtes encore plus particuliè­res ?

« Ça se passe entre les deux oreilles. Je reçois assez de tirs pendant la période d’échauffeme­nt pour être prêt pour le début du match, a assuré Carter Hutton. En plus, de nos jours, toutes les rencontres sont difficiles et âprement disputées. S’assurer d’être frais et dispos à chaque match sera payant à long terme. »

ENTRAÎNEME­NTS DU SOIR

Dans d’autres discipline­s, la boxe par exemple, il n’est pas rare de voir, dans les jours précédant le gala, un athlète s’entraîner à la même heure que celle à laquelle est prévu son combat.

« Ç’a beaucoup plus de sens, a lancé Okposo. La raison est simple : une routine comme celle-là habitue ton corps à être éveillé et efficace à ce moment de la journée.

« D’ailleurs, c’est ce que j’ai commencé à faire. Deux jours avant notre premier match de la saison à Pittsburgh, je suis allé dans le gymnase à 19 h 30. Je l’avais également fait pendant le calendrier préparatoi­re », a-t-il assuré.

La théorie se tient. Pas certain, cependant, que l’Associatio­n des joueurs accepterai­t que les entraîneme­nts soient tenus en soirée. Les épouses non plus...

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