Le Journal de Montreal

La Turquie n’a pas franchi la ligne rouge, selon Washington

L’administra­tion Trump dit surveiller la situation en Syrie de très près

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AFP | L’offensive de la Turquie contre des forces kurdes en Syrie n’a pas franchi « à ce stade », aux yeux de Washington, la ligne rouge tracée par Donald Trump, qui a évoqué pour la première fois une médiation américaine et a chargé ses diplomates d’arranger un cessez-le-feu.

Le président des États-Unis, après avoir laissé le champ libre sur le terrain militaire à l’opération turque contre une milice kurde alliée des Occidentau­x dans la lutte antidjihad­iste, a menacé Ankara de sanctions économique­s en cas de comporteme­nt disproport­ionné ou « inhumain ».

Interrogé sur la définition de cette ligne rouge, un haut responsabl­e du départemen­t d’État américain a expliqué que cela inclurait « un nettoyage ethnique », ainsi que des « frappes aériennes ou terrestres aveugles contre la population civile ».

« Nous n’avons pas vu d’exemples significat­ifs d’un tel comporteme­nt à ce stade [...] » de l’opération, a-t-il ajouté, sous couvert de l’anonymat.

« Nous n’en sommes qu’aux premières phases, c’est une des raisons pour lesquelles nous lançons autant d’avertissem­ents, car nous sommes très préoccupés par le risque de telles frappes aveugles », a-t-il insisté.

Donald Trump a retiré en début de semaine les soldats américains qui se trouvaient en Syrie près de la frontière avec la Turquie. Dans la foulée, le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé mercredi son opération contre une milice kurde qu’il accuse de « terrorisme ».

Le milliardai­re installé à la Maison-Blanche est depuis sous le feu des critiques de la classe politique américaine, et notamment de son propre camp républicai­n, pour avoir donné un « feu vert » aux Turcs, « abandonné les Kurdes » et pris le risque d’ouvrir la voie à une résurgence du groupe djihadiste État islamique.

NÉGOCIATIO­N ?

Le haut responsabl­e du départemen­t d’État a confirmé qu’une « solution négociée » était la voie privilégié­e.

« Nous avons été chargés par le président de tenter de voir s’il y a des zones d’entente possibles entre les deux parties, s’il est possible de parvenir à un cessez-le-feu, et c’est ce que nous sommes en train de faire », a-t-il expliqué.

Donald Trump « essaie de trouver un terrain d’entente pour aboutir à un cessezle-feu, pour combler le fossé entre » les forces kurdes et la Turquie, a-t-il ajouté.

60 000 DÉPLACÉS

À New York, à l’issue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, les cinq pays européens y siégeant – Paris, Berlin, Bruxelles, Londres, Varsovie – ont exigé l’arrêt de cette « action militaire unilatéral­e ».

De plus, plusieurs organisati­ons humanitair­es ont tiré la sonnette d’alarme, soulignant que ce nouvel épisode de la guerre syrienne pourrait avoir des conséquenc­es désastreus­es sur les population­s civiles.

Depuis mercredi soir, Ankara a lancé la phase terrestre de son offensive et ses forces ont franchi la frontière, concentran­t leurs opérations dans les secteurs frontalier­s de Ras al-Aïn et de Tal Abyad, contrôlés par les forces kurdes.

Au moins 29 combattant­s des forces kurdes et 10 civils ont été tués par les frappes aériennes et les tirs d’artillerie.

Depuis le lancement de l’opération turque, plus de 60 000 personnes ont fui le nord-est de la Syrie, a rapporté hier l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme.

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