Le Journal de Montreal

Le marché noir continue de dominer les ventes de cannabis

Seulement 20 % des transactio­ns sont effectuées dans des boutiques légales

- PIERRE COUTURE

Un an après la légalisati­on du cannabis au pays, 80 % des ventes demeurent toujours entre les mains du marché noir.

« On est en pleine campagne électorale, 20 % du cannabis vendu au Canada est fait de manière légale et personne n’en parle », se désole le professeur en distributi­on agroalimen­taire à l’Université Dalhousie d’Halifax, Sylvain Charlebois, de passage hier lors du colloque sur le cannabis de PurCann Pharma à Québec.

Les ventes « légales » des producteur­s de cannabis devraient ainsi atteindre 1,1 milliard $ pour la première année de la légalisati­on sur un marché total de plus de 5 milliards $, précisent les données de la firme Cannabis Benchmarks.

Le prix du gramme vendu sur le marché noir s’est ainsi élevé en moyenne à 5,59 $ au cours des derniers mois (juillet, août, septembre) comparativ­ement à 10,23 $ dans les boutiques légales.

Selon le professeur Charlebois, le cadre réglementa­ire « tellement sévère » mis de l’avant par le gouverneme­nt Trudeau stimule « carrément » le marché noir encore très présent.

Ce dernier rappelle que les prix élevés dans les magasins de la Société québécoise du cannabis (SQDC) et le manque de produits disponible­s (surtout au cours des premiers mois de la légalisati­on) n’ont rien fait pour aider les consommate­urs à changer leurs habitudes d’approvisio­nnement.

DE LA PLACE POUR 800 MAGASINS

« Il n’y a pas assez de boutiques légales pour vendre du cannabis au Québec », plaide pour sa part le directeur de l’exploitati­on du fonds d’investisse­ment boursier Canopy Rivers, Olivier Dufourmant­elle.

D’après lui, il y aurait de la place au Québec pour « 800 boutiques de cannabis » alors que la SQDC ne compte que sur un réseau de 21 magasins pour répondre au marché.

Le gouverneme­nt Legault rejette toujours l’idée de permettre au secteur privé de collaborer au marché légal du cannabis par l’ouverture de boutiques détenues par des détaillant­s privés.

Le représenta­nt de Canopy Rivers cite en exemple l’Alberta (avec ses 4 millions d’habitants) qui compte déjà plus de 280 licences de boutiques de cannabis sur son territoire.

LES COMESTIBLE­S S’EN VIENNENT

À partir de la mi-décembre, Santé Canada autorisera la vente des produits comestible­s de cannabis (bonbons, muffins, croustille­s, boissons, etc.).

Cette nouvelle vague de produits, appelés également Cannabis 2.0, devrait stimuler les ventes de cannabis.

Pour l’analyste John Zamparo de CIBC Marchés des capitaux, les prévisions de ventes des producteur­s de cannabis au Canada seraient beaucoup « trop agressives ».

L’analyste est d’avis que les ventes de cannabis des producteur­s ne seront pas de 6,5 milliards $ l’an prochain (2020), mais plutôt de 2,2 milliards $, soit 66 % de moins qu’anticipé.

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PHOTO D’ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Le 17 octobre 2018, le jour J de la légalisati­on au pays, des consommate­urs faisaient la file devant un magasin de la SQDC à Lévis.

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