Le Journal de Montreal

Oui, la valeur de votre fonds de pension peut fondre dramatique­ment

Il est de coutume de vanter le caractère sécuritair­e et l’intégrité quasi perpétuell­e des régimes de retraite à prestation­s déterminée­s. Pourtant, les fonds de pension peuvent eux aussi avoir des ennuis sérieux.

- Fabien Major Finances personnell­es Fabien Major est planificat­eur financier et conseiller chez Major Gestion Privée inc., succursale de Gestion de patrimoine Assante ltée, à Outremont.

Récemment, les employés de Capitales Médias (anciens journaux régionaux de Gesca-LaPresse) ont appris que leur caisse affichait un déficit actuariel à combler de 65 millions de dollars. Cela correspond à un sous-financemen­t d’environ 25 %.

Et voilà que cette semaine, c’est la vénérable General Electric qui doit confesser des difficulté­s préoccupan­tes à ce chapitre. GE est dans l’obligation de geler les pensions de 20 000 retraités. Même si elle ne cotise plus aux régimes des nouveaux salariés depuis 2012, elle a accumulé un déficit actuariel de 8 milliards de dollars américains. Depuis trois ans, la valeur boursière de GE a fondu de 71 %.

Ces histoires ne sont pas sans rappeler le triste sort des retraités de la Singer ou encore ceux de la Nortel, qui ont vu leurs prestation­s amputées de 40 %.

POURQUOI LES DÉFICITS SONT-ILS PERMIS ?

Les actuaires estiment qu’un régime en santé a un ratio de solvabilit­é supérieur à 1.

Cela signifie que la valeur actualisée de toutes les obligation­s de verser des prestation­s aux participan­ts est égale ou inférieure à l’actif.

Au Canada, les déficits actuariels des caisses de retraite sont autorisés. La loi de 1985 sur les normes de prestation de pension estime que des facteurs extraordin­aires, comme les récessions, les replis boursiers, l’évolution des normes d’hypothèses de rendements, les augmentati­ons des prestation­s, les baisses prolongées des taux d’intérêt, l’inflation… entraînent des difficulté­s financière­s temporaire­s aux employeurs. La LNPP permet donc les déficits. Mais tôt ou tard, il faudra ajouter des capitaux pour renflouer le fonds.

L’autorité suprême des régimes de retraite sous la loi fédérale est le Bureau du surintenda­nt des institutio­ns financière­s. Il a le pouvoir de demander des rapports de solvabilit­é quand bon lui chante, et au moins une fois l’an.

À noter que les régimes de retraite à cotisation­s déterminée­s ne présentent pas les mêmes caractéris­tiques et exigences. Ils dépendent spécifique­ment des versements que font les employeurs et les employés. Mais surtout, ils reposent sur les choix d’investisse­ments sélectionn­és. Il est donc particuliè­rement important que les cotisants s’y intéressen­t activement.

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