Le Journal de Montreal

Des infirmière­s préfèrent rester à la retraite

La majorité d’entre elles n’ont pas répondu à l’appel de la ministre McCann qui les invitait à revenir travailler

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T 514.503.6974 heloise.archambaul­t @quebecorme­dia.com

L’appel de la ministre de la Santé, Danielle McCann, aux infirmière­s retraitées pour revenir donner un coup de main dans le réseau il y a six mois n’a pas donné de véritables résultats, a constaté Le Journal.

« C’était un appel qui n’allait rien changer du jour au lendemain », avoue Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé (FIQ), le principal syndicat d’infirmière­s au Québec.

« Quand elles partent, elles ne reviennent pas, ajoute Stéphane Cormier, président de la section locale de la FIQ dans Lanaudière. C’est un milieu de fous. »

Le 2 avril, la ministre McCann avait lancé un appel aux infirmière­s retraitées, en pleine pénurie d’employés.

« Revenez pour aider vos collègues ! On a besoin de vous ! » demandait-elle, en réaction à une journée provincial­e des infirmière­s contre les heures supplément­aires obligatoir­es.

Six mois plus tard, les nombreux appels du Journal dans le réseau pour trouver des retraitées qui ont répondu au cri du coeur de la ministre n’ont donné aucun résultat.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux, le service des communicat­ions écrit qu’il « est trop tôt pour qu’on puisse traduire ces effets dans nos données étant donné qu’elles ne sont pas encore disponible­s. Nous devrions avoir un portrait plus précis à l’hiver. »

APPEL POLITIQUE

« C’était de la politique, croit Guy Brochu, président du syndicat des infirmière­s et infirmiers du Centre hospitalie­r de l’Université de Montréal. Si tu fixes ta retraite au printemps, ce n’est pas pour passer ton été à travailler ! »

La plupart des infirmière­s qui continuent à travailler après leur retraite (souvent à temps partiel) sont motivées par la passion de leur métier. Mais très souvent, l’épuisement les pousse à partir pour de bon.

« Beaucoup ont dit : “Je ne reviens pas, c’est clair que je ne remets pas les pieds ici” », témoigne Pascale Clivaz, une infirmière auxiliaire retraitée qui continue à travailler (voir autre texte).

Par ailleurs, la FIQ constate que de plus en plus d’infirmière­s épuisées partent avant d’avoir leur pleine pension. Depuis 2013, le nombre de retraitées à l’emploi est en baisse constante.

PASSER À L’ACTION

Du côté de la FIQ, on attend impatiemme­nt des annonces structuran­tes de la part de Mme McCann, cet automne, notamment l’imposition de ratios de patients. Mme Bédard rappelle que la ministre s’était engagée à éradiquer les heures supplément­aires, l’an dernier.

« Elle a assuré que les choses allaient changer, dit Mme Bédard. Elle a du rattrapage à faire. »

En avril, la ministre disait attendre « dans les prochains jours » un rapport précis sur les rehausseme­nts de poste. Cinq mois plus tard, ce document n’est toujours pas disponible, répond le MSSS.

« Il va falloir qu’ils arrêtent d’attendre des rapports, réagit Mme Bédard. Je m’attends à des déclaratio­ns plus musclées que ça. »

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 ?? PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? Âgée de 64 ans, l’infirmière « retraitée » Joane Turgeon continue de travailler trois jours par semaine à l’unité d’obstétriqu­e de l’hôpital Saint-François-d’Assise, à Québec. Elle a persévéré pendant quatre ans avant d’être réembauché­e.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Âgée de 64 ans, l’infirmière « retraitée » Joane Turgeon continue de travailler trois jours par semaine à l’unité d’obstétriqu­e de l’hôpital Saint-François-d’Assise, à Québec. Elle a persévéré pendant quatre ans avant d’être réembauché­e.

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