Le Journal de Montreal

Une dame a dû insister pour se faire réembauche­r

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Une retraitée qui souhaitait retourner au travail a dû persévérer durant quatre ans avant d’être finalement réembauché­e, en mai dernier, alors que la pénurie d’infirmière­s frappe tout le Québec.

« Je n’ai jamais eu de nouvelles ! jure Joane Turgeon, qui dit avoir appelé je ne sais pas combien de fois ».

RETRAITE À 60 ANS

En 2015, l’infirmière a pris sa retraite du Centre hospitalie­r universita­ire de Québec (CHUQ).

« Tous les jours, je partais avec deux repas, parce que je savais que j’allais rester [en heures supplément­aires]. J’avais 60 ans, j’étais épuisée des 12, 13 heures de travail. »

Or, la dame passionnée de son travail souhaitait être réembauché­e comme retraitée, et travailler à temps partiel. Malgré la pénurie d’employés, elle était incapable de se retrouver un poste en obstétriqu­e.

« Je n’ai jamais reçu un téléphone ! Ils avaient encore tout mon dossier », assure celle qui a aujourd’hui 64 ans.

Pour se désennuyer, Mme Turgeon a pris part à des campagnes de vaccinatio­n contre la grippe. Au printemps dernier, elle a lancé un ultime appel au CHUQ.

Après quatre ans de retraite, on lui a finalement offert un poste à trois jours par semaine à l’hôpital Saint-François d’Assise de Québec, en mai dernier.

D’ailleurs, Mme Turgeon déplore que personne ne semblait avoir été informé qu’elle souhaitait reprendre le boulot depuis des années.

«TOUTMÊLÉS»

« L’été passé, ils ont eu un été d’enfer ! Moi, j’étais ici et je me suis ennuyée », dit-elle.

« Ils sont tout mêlés, j’ai l’impression que c’est trop gros, avoue la doyenne de son départemen­t. Je suis passée à travers les mailles du filet. »

Actuelleme­nt, Mme Turgeon travaille trois jours par semaine, incluant une fin de semaine sur deux. Elle ne fait plus d’heures supplément­aires.

NE PAS S’ÉPUISER

« J’ai passé l’âge. Des fois, ça serait tentant de me dire : ‘‘elles sont mal prises, je pourrais bien rester’’. Mais ce serait me tirer dans le pied, je vais m’épuiser. Ce n’est payant pour personne », dit-elle sagement.

Il ne fait aucun doute dans la tête de cette résidente de Lévis que sa présence est fort utile, et appréciée.

Quant à la « vraie » retraite, elle n’a pas d’objectifs précis.

« On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Ça dépend de la santé, de l’énergie, confie-t-elle. Mais je suis bien. La journée où je ne serai plus heureuse, je dirai bye-bye. »

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