Le Journal de Montreal

Un juge déplore la hausse des vols d’identité

- MICHAËL NGUYEN

Le vol d’identité est devenu un fléau qui dépasse « tout ce qu’on aurait pu imaginer », a déploré un juge en condamnant un Montréalai­s à huit mois de prison pour avoir participé à une fraude organisée de plus de 600 000 $.

« Il y a 12 ans, les tribunaux avaient prévenu que le problème allait être exacerbé par les avancées technologi­ques ; depuis, le problème ne s’est pas calmé, et il y a eu une explosion de cas, c’est un fléau », a lancé le juge Dennis Galiatsato­s la semaine dernière au palais de justice de Montréal.

Récemment, au Québec, 2,9 millions de membres de Desjardins se sont vu voler leurs informatio­ns personnell­es. Il y a aussi eu la cyberattaq­ue massive contre Bell en 2017, qui a mené à l’arrestatio­n de deux hommes dans les derniers jours.

« Le fléau est tel que les citoyens ont développé un sentiment de résignatio­n face à l’inévitabil­ité que ça va leur arriver un jour », a ajouté le juge.

GROUPE BIEN ORGANISÉ

C’est dans ce contexte qu’il a condamné Nosa Edugie, un père de famille âgé de 55 ans, qui faisait partie d’un groupe de fraudeurs montréalai­s bien organisé.

Certains avaient la tâche de voler des identités, d’autres fabriquaie­nt de fausses cartes, tandis que des coursiers ouvraient des comptes bancaires sous de fausses identités. Des complices déposaient alors de faux chèques et retiraient l’argent.

« En un an [de 2016 à 2017], la fraude a atteint 600 000 $ », a expliqué le juge.

Lors de l’enquête de la Sûreté du Québec, le nom d’Edugie a fait surface, en tant qu’homme de main de la tête du réseau. Lors d’une perquisiti­on à son domicile, les policiers ont trouvé 19 photos de passeport, ainsi que des documents concernant neuf victimes de vol d’identité, incluant leurs noms, leurs adresses et leurs numéros de comptes bancaires.

Tout l’équipement nécessaire à la fabricatio­n de faux documents a été découvert sur les lieux.

ANXIÉTÉ PERMANENTE

« Les items suggèrent qu’Edugie produisait de faux chèques et de fausses cartes d’identité, il avait ainsi plus d’une corde à son arc, il jouait un rôle vital dans les opérations », a noté le juge.

Car les victimes, a rappelé le juge, devront vivre avec l’anxiété de savoir que leurs informatio­ns pourraient être utilisées à n’importe quel moment.

« Elles doivent aussi dépenser temps et argent pour rétablir leur crédit et leur réputation, même si les montants sont remboursés par les banques », a rappelé le magistrat.

C’est pour cela que le juge a condamné Edugie à la sentence que proposait la Couronne, c’est-à-dire huit mois de prison.

Une fois qu’il sera sorti de prison, il devra respecter une probation de deux ans, pendant laquelle il lui sera entre autres interdit d’avoir des cartes d’identité autres que les siennes, ou encore des informatio­ns personnell­es concernant d’autres personnes.

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