Les meurtres étaient « prémédités »
Selon la Couronne, il s’agit de la seule conclusion possible au procès devant jury d’Ugo Fredette
SAINT-JÉRÔME | La seule conclusion logique à l’issue du procès d’Ugo Fredette est un verdict de culpabilité aux deux chefs de meurtre prémédité, a plaidé la Couronne, hier.
« Si nous sommes tous ici, c’est parce que M. Fredette était incapable d’accepter que sa relation avec Véronique Barbe puisse se terminer », a affirmé d’emblée Me Steve Baribeau, qui officie pour la poursuite avec Mes Karine Dalphond et Alexis Marcotte-Bélanger.
Depuis cinq semaines, le jury a entendu 31 témoins et vu 100 éléments de preuve qui ont été déposés, au palais de justice de Saint-Jérôme.
Fredette est accusé des meurtres prémédités de sa conjointe, Véronique Barbe, et d’Yvon Lacasse, un aîné dont il a pris le véhicule pour fuir avec un enfant.
Les deux homicides ont été commis le 14 septembre 2017, dans la résidence du couple à Saint-Eustache, et dans une halte routière des Laurentides, à Lachute.
« Le seul verdict possible, selon nous, est un verdict de culpabilité à l’endroit des deux chefs de meurtre prémédité », a martelé la Couronne.
INACCEPTABLE RUPTURE
D’après Me Baribeau, l’accusé de 44 ans ne pouvait se résoudre à vivre sans sa conjointe des huit dernières années.
Celle-ci tentait de mettre fin à leur relation tumultueuse, en septembre 2017, mais elle en a été incapable « à cause de l’accusé, qui n’a pas lâché prise et qui n’aurait jamais lâché prise », selon la poursuite.
Mme Barbe était déterminée à rompre avec Fredette, a soutenu la Couronne, au point de faire 119 recherches sur internet pour se trouver une autre maison dans les deux semaines ayant précédé sa mort.
Mais l’accusé ne pouvait s’y résoudre et il s’est mis à harceler sa conjointe, a plaidé Me Baribeau.
La veille du drame, le couple a échangé 206 messages sur l’application Messenger. De ce nombre, 179 provenaient de Fredette, a souligné la Couronne.
Lorsque Mme Barbe a mis fin à la conversation, l’accusé a fait 12 courts appels à la SAMEDI 12 OCTOBRE 2019
victime de 41 ans en une heure.
« Quand il a vu que c’était définitif, que Véronique le rejetait, il l’a tuée parce que toute sa colère a rejailli sur elle », a résumé le procureur, insistant sur le fait que la femme a été poignardée à 17 reprises.
Fredette a admis avoir causé la mort de sa conjointe, mais il affirme que cela serait survenu lorsque celle-ci l’a provoqué en le menaçant avec un couteau dans la cuisine.
Me Louis-Alexandre Martin, de la défense, est d’avis que son client n’avait l’intention de tuer personne, et qu’il devrait être condamné pour des homicides involontaires, et non des meurtres prémédités.
« Même si Véronique Barbe avait pris un couteau, ne pourriez-vous pas déduire qu’elle craignait véritablement pour sa sécurité et qu’elle était victime de harcèlement
», a plutôt fait valoir la Couronne.
Chose certaine, la mort de la dame ne résulte pas de l’impulsion du moment, a soutenu Me Baribeau, notant que deux couteaux ont été utilisés pour la poignarder.
« VISAGE DÉFAIT »
Quant à l’homicide d’Yvon Lacasse, « qui a eu le visage défait en moins de huit minutes », la poursuite est d’avis qu’il a été perpétré afin que Fredette puisse fuir avec l’enfant de six ans dans un véhicule inconnu des autorités, qui étaient déjà à sa recherche.
« Croyez-vous Ugo Fredette quand il dit qu’il a arrêté à la halte routière de Lachute
moins d’une heure après avoir tué Véronique Barbe pour faire [ses besoins] ? » a ironisé la Couronne, hier, insistant sur l’invraisemblance des propos de l’accusé quant à la bagarre avec l’aîné.
Décédée d’un traumatisme contondant à la tête, la victime de 71 ans a été laissée dans un boisé des Laurentides.
Jeudi, la défense a soutenu dans sa plaidoirie finale que des animaux sauvages auraient pu briser certains os de l’aîné, rappelant que le pathologiste n’a pas pu déterminer quelle fracture est à l’origine du traumatisme fatal.
Le jury recevra les directives de la juge Myriam Lachance la semaine prochaine.