Le Journal de Montreal

Normal d’espionner les conseiller­s, dit le maire

Il voulait trouver les élus qui parlaient aux journalist­es

- SARAH-MAUDE LEFEBVRE Bureau d’enquête

Le maire de Saint-Lambert affirme être très à l’aise avec l’enquête qu’il a lancée pour trouver des sources journalist­iques. Et ce, même si cela inquiète la ministre des Affaires municipale­s.

« Je suis très à l’aise. J’ai agi dans les meilleurs intérêts de la Ville de Saint-Lambert, contrairem­ent à ce que certaines personnes peuvent penser », a dit le maire Pierre Brodeur en entrevue cette semaine.

Notre Bureau d’enquête dévoilait la semaine dernière que Saint-Lambert avait mandaté des enquêteurs privés, en juillet dernier, pour interroger des élus après la fuite d’informatio­ns dans un journal local. Leurs courriels ont aussi été espionnés.

À la suite de ces révélation­s, le ministère des Affaires municipale­s a indiqué que les pouvoirs d’enquête d’un maire ne lui conféraien­t pas le droit d’obtenir les courriels d’autres élus. Dans la foulée, la ministre Andrée Laforest a également demandé au Commissair­e à l’intégrité municipale et à l’éthique d’enquêter à ce sujet.

PAS LE CHOIX

Le maire Brodeur soutient qu’il n’avait pas le choix de réagir, car des documents « confidenti­els » de la Ville ont fuité dans le journal local à trois reprises cette année.

Pourquoi ne pas avoir demandé aux autorités compétente­s, comme la Commission municipale du Québec, d’examiner la situation plutôt que d’engager lui-même une firme d’enquêteurs privés ? À ce sujet, la réponse du maire est demeurée floue.

Quant à savoir pourquoi Saint-Lambert est la seule ville connue à enquêter sur des fuites journalist­iques, M. Brodeur répond qu’« il y a des villes qui sont mal dirigées ».

« On fait les choses correcteme­nt. C’est pour ça que Saint-Lambert se démarque par rapport à d’autres […]. Quand je rentre chez moi le soir, je me regarde dans le miroir et je dors bien. »

DES JOURNALIST­ES « TACHES »

C’est le Groupe Track qui a obtenu, de gré à gré, le contrat pour cette enquête qui a coûté 32 000 $ aux Lambertois. Son mandat : trouver qui, au sein des fonctionna­ires et des élus, donne des informatio­ns concernant la Ville au journal local.

La municipali­té de la Rive-Sud a une relation plutôt conflictue­lle avec l’hebdomadai­re local, Le Journal de Saint-Lambert. Ce média a été condamné cette année à verser 130 000 $ à la Ville pour diffamatio­n envers la précédente administra­tion.

Le maire Brodeur, qui dit ne pas faire de « chasse aux sorcières journalist­ique », s’en est pris à plusieurs reprises à ce journal au cours de notre entretien.

« Dans [la] profession, vous avez d’excellents journalist­es, mais vous avez aussi des taches », a-t-il dit.

Le maire de Saint-Lambert a été blâmé par la Fédération profession­nelle des journalist­es du Québec qui l’a accusé de « réduire ses conseiller­s au silence plutôt que de promouvoir la transparen­ce ».

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PHOTO D’ARCHIVES Le maire de Saint-Lambert, Pierre Brodeur, défend l’enquête de la Ville.

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