Le Journal de Montreal

Suspendue à cause de la pénurie ?

Une infirmière aurait mal assuré des soins alors qu’il manquait de personnel

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T Le Journal de Montréal heloise.archambaul­t@quebecorme­dia.com

Une infirmière de Salaberry-deValleyfi­eld a été suspendue une journée sans salaire pour avoir omis d’assurer que tous les résidents soient levés durant une journée alors qu’il manquait plusieurs employés.

« Ils ont tenté l’impossible, de tout faire ce qu’ils pouvaient faire ! » assure Francine Savoie, la présidente du syndicat local de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé (FIQ), pour la Montérégie-Ouest.

« C’est tout à fait injustifié, incompréhe­nsible, déraisonna­ble et abusif, à notre avis », dit-elle.

Le 4 octobre dernier, une infirmière de 24 ans d’expérience avec un « dossier vierge », selon la FIQ, a été suspendue sans solde par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Ouest. On lui reproche un « manque de jugement » et de l’« insubordin­ation ». Dans la lettre de suspension, dont Le

Journal a obtenu une copie, la direction lui reproche le fait que des résidents n’ont pas été levés de leur lit le 27 juillet dernier, au centre d’hébergemen­t Docteur-Aimé-Leduc, à Salaberry-de-Valleyfiel­d. Ce jour-là, elle a été nommée responsabl­e du centre, sans être formée, selon la FIQ.

MANQUE D’EMPLOYÉS

Selon le syndicat, 24 employés (infirmière­s, infirmière­s auxiliaire­s et préposés aux bénéficiai­res) étaient présents ce matin-là, et seulement 19 en après-midi. Habituelle­ment, ils sont 43 pour répondre aux 160 résidents. Du côté de la direction, on répond plutôt que 34 employés étaient sur place.

En raison du manque de personnel, les soins de base ont été priorisés (hydratatio­n, toilette partielle, levée des patients). En contrepart­ie, les bains ont été délaissés.

Or, « la majorité des résidents du troisième étage » n’ont pas été levés, écrit la direction. « Par cette action, vous avez dérogé à un ordre de votre supérieur », lit-on.

« La levée des résidents, c’est un besoin primordial, 12 mois par année, c’est un incontourn­able », souligne Normand Gaudet, directeur adjoint des programmes soutien à l’autonomie des personnes âgées au CISSS. Le manque de personnel ne justifie pas de ne pas réaliser ces soins. »

Il ajoute que certains ont été levés, mais plus tard dans la journée. Au total, M. Gaudet ne savait pas combien de résidents n’ont pas été levés.

« TENTÉ L’IMPOSSIBLE »

Le CISSS a reçu des plaintes de familles concernant la journée du 27 juillet, mais on n’a pas voulu dire combien. Dans la lettre, la direction ajoute que toute récidive pourra entraîner des mesures plus sévères pouvant aller jusqu’au congédieme­nt.

On peut aussi lire : « Notre rencontre est de nature confidenti­elle et vous devez demeurer discret ». Par peur de représaill­es, l’infirmière a refusé de répondre au Journal. M. Gaudet n’a pas voulu commenter la demande de confidenti­alité.

Un gestionnai­re était de garde, le 27 juillet dernier, mais aucun n’était sur place.

 ?? PHOTO AGENCE QMI, STEVE MADDEN ?? Francine Savoie, la présidente du syndicat local qui représente l’infirmière suspendue, déplore que la direction n’ait pas assuré le nombre suffisant d’employés au CHSLD Docteur-Aimé-Leduc en juillet dernier pour que tous les résidents soient levés.
PHOTO AGENCE QMI, STEVE MADDEN Francine Savoie, la présidente du syndicat local qui représente l’infirmière suspendue, déplore que la direction n’ait pas assuré le nombre suffisant d’employés au CHSLD Docteur-Aimé-Leduc en juillet dernier pour que tous les résidents soient levés.

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