Peu d’employés de la SAQ font appel à leur programme d’aide
La société d’État a déjà été forcée de réembaucher un directeur qui buvait au travail
TROIS-RIVIÈRES | À peine 35 des 7000 employés de la Société des alcools du Québec ont fait appel au programme d’aide aux employés pour une consommation problématique d’alcool l’année dernière, une donnée nettement inférieure à l’ampleur du problème dans la population en général.
Pour l’année 2017-2018, ce sont 59 employés qui ont demandé de l’aide, ce qui représente moins de 1 % des travailleurs, selon des chiffres obtenus en vertu de la
Le Journal n’a pas pu remonter plus loin dans le temps puisque la société d’État n’a pas de statistiques au-delà des deux dernières années.
« Les chiffres me semblent assez faibles. Est-ce que c’est parce qu’il y a une culture qui fait en sorte que les gens n’oseront pas demander de l’aide ? Est-ce qu’il y a des gens qui sont allés chercher de l’aide autrement, sans passer par le programme d’aide ? Ça ne reflète pas du tout les statistiques auxquelles je m’attendais », mentionne la directrice générale du Centre québécois de lutte aux dépendances et de la Maison Jean Lapointe, Anne Elizabeth Lapointe.
En effet, environ 15 % des Canadiens dépassent les niveaux de consommation d’alcool recommandés par le gouvernement, selon une récente étude du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances.
DIRECTEUR RÉEMBAUCHÉ
La Société des alcools du Québec (SAQ) a été forcée par un tribunal de réembaucher un directeur de succursale cet été. Il s’était fait prendre à voler de l’alcool sur les rayons et à en boire au travail. Or, la société d’État ne l’a pas aidé suffisamment avant de lui montrer la porte, selon le juge administratif François Demers.
« On se serait attendu à ce qu’une société publique spécialisée dans la mise en marché de produits alcoolisés ait une sensibilité particulière face aux problèmes de consommation d’alcool d’un des employés », avait-il dit.
La SAQ n’a pas voulu revenir sur ce dossier puisqu’il est judiciarisé.
Par ailleurs, le Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ indique ne pas avoir été avisé de problèmes particuliers relativement au programme d’aide aux salariés. Le nombre maximal de rencontres avec un professionnel, longtemps fixé à six, a été levé il y a environ un an pour permettre aux experts d’en déterminer le nombre.
La SAQ affirme prendre tous les moyens pour s’assurer du bien-être des travailleurs.
« C’est pour ça, notamment, qu’on s’est doté d’un code d’éthique, et qu’il y a une sensibilisation qui est faite dès l’embauche », indique le porte-parole Mathieu Gaudreault.
DÉGUSTATION
Par exemple, un employé ne sera jamais contraint de faire la dégustation, même s’ils doivent tous obligatoirement recracher.
Le professeur titulaire en gestion des ressources humaines à l’UQAM Denis Morin rappelle que l’alcoolisme est un handicap au sens légal, et recommande aux salariés concernés de le divulguer à leur employeur pour lui permettre de les soutenir.
« Au moins, ça permet, potentiellement, de faciliter des accommodements », indique M. Morin.