Le Journal de Montreal

De multiples plaintes

- BRIGITTE NOËL ET MATT JOYCEY

Les plaintes de travailleu­ses qui estiment avoir été flouées s’accumulent contre Shirley Baltazar.

Evelyn Calugay, de l’organisme PINAY, un comité de défense des droits des travailleu­ses domestique­s, affirme avoir reçu en tout 16 plaintes contre Mme Baltazar et son entreprise dans la dernière décennie.

Certaines plaintes impliquent aussi M. Alakkattus­sery, propriétai­re de l’agence Diva Internatio­nal, qui travaillai­t parfois de concert avec Shirley Baltazar.

Quinze travailleu­ses domestique­s et femmes de la communauté philippine ont intenté des recours contre Shirley Baltazar depuis 2007, réclamant des montants jusqu’à 140 000 $.

Shirley Baltazar aurait promis de faciliter l’immigratio­n de personnes souhaitant venir travailler comme nounous, moyennant 2000 $ à 4000 $ par applicatio­n. Plusieurs demandeurs allèguent qu’elle cesse alors de répondre à leurs appels, et qu’elle ne livre pas les emplois promis.

La plupart des jugements ordonnent à Baltazar de rembourser les sommes, mais deux demandeurs joints par notre Bureau d’enquête disent qu’ils n’ont jamais revu leur argent, même en ayant recours à un huissier.

VIES DÉTRUITES

Walter Chi-Yan Tom, avocat qui a géré quelques plaintes contre Shirley Baltazar, dit qu’à sa connaissan­ce, aucune de ses clientes n’a été remboursée.

Il précise que l’argent n’est que la pointe de l’iceberg.

« Il y a des gens qui ont perdu le droit de rester au Canada, il y a des vies qui ont été détruites, des familles qui ont souffert. »

Evelyn Calugay explique que son équipe avait déjà approché le SPVM, la GRC et l’Agence des services frontalier­s pour leur faire part des signalemen­ts, en vain.

« Vous me dites que vous allez lui permettre de continuer à faire ça ? Vous allez les laisser souffrir ? Comment pouvez-vous nous aider ? » leur avait-elle demandé.

L’enquête récemment ouverte par l’ASFC lui donne un peu d’espoir.

« On a déjà fait tellement de plaintes à différents niveaux de gouverneme­nt, et ça n’avait rien changé », dit-elle.

L’ASFC n’a pas voulu se prononcer sur cette enquête active, pour laquelle aucune accusation n’a encore été déposée. On nous a écrit que « la plupart du temps, les perquisiti­ons de l’ASFC mènent à des accusation­s criminelle­s. »

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