La Turquie intensifie ses bombardements en Syrie
Washington se dit prêt à activer des sanctions économiques contre Ankara
RAS AL-AIN | (AFP) Les forces turques ont intensifié hier leurs bombardements meurtriers contre des cibles kurdes dans le nord de la Syrie, le président turc Recep Tayyip Erdogan affirmant que l’offensive se poursuivrait en dépit des avertissements américains.
Depuis le début mercredi de l’assaut turc contre des secteurs contrôlés par une milice kurde syrienne, 54 combattants kurdes et 17 civils ont péri selon une ONG et 100 000 personnes ont fui leurs foyers d’après l’ONU. Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 17 civils dans la chute de roquettes kurdes sur des villes frontalières en Turquie.
Avec cette offensive qui a suscité un tollé international, la Turquie, voisine de la Syrie en guerre, cherche à instaurer une « zone de sécurité » de 32 kilomètres de profondeur le long de sa frontière afin de séparer celle-ci des territoires contrôlés par la milice des Unités de protection du peuple (YPG) qu’elle qualifie de « terroriste ».
En soirée hier, les raids aériens turcs se poursuivaient principalement sur la ville de Kobané.
« D’intenses combats principalement de Tal Abyad à Ras al-Aïn », villes frontalières, opposent les troupes turques et leurs alliés locaux aux Forces démocratiques syriennes (FDS) dont les YPG, soutenues par l’Occident, sont l’épine dorsale, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
SANCTIONS AMÉRICAINES ?
Après avoir semblé laisser les coudées franches à la Turquie en Syrie, les ÉtatsUnis ont haussé le ton hier en se disant hier prêts à activer des sanctions contre Ankara, qui poursuit son offensive contre les Kurdes.
Les sanctions économiques évoquées par le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, ont été autorisées par Donald Trump. Il suffira d’une décision
du président américain pour les activer.
La ligne rouge que la Turquie ne doit pas franchir n’a cependant pas été clairement établie par Washington. Mais le ministre américain de la Défense Mark Esper a fait savoir qu’il avait « fortement encouragé » son homologue turque à interrompre l’opération militaire dans le nord de la Syrie.
Le ton tranche avec le début de la
semaine. Dimanche soir, Donald Trump avait créé la stupéfaction et suscité un tollé lorsque la Maison-Blanche avait annoncé, à la surprise générale, le retrait de troupes américaines des abords de la frontière turco-syrienne. Une décision largement perçue comme un feu vert de facto à la Turquie pour attaquer les Kurdes dans cette zone.