L’anglais domine encore dans l’affichage commercial
L’OQLF n’a pas fixé la date de l’examen de conformité au nouveau règlement
À un mois de la date limite pour se conformer au nouveau règlement sur l’affichage commercial, l’anglais prédomine encore dans de nombreuses boutiques de Montréal. Mais elles n’ont rien à craindre : Québec ne s’est fixé aucune échéance pour sévir, a appris Le Journal.
Une semaine après avoir provoqué un tollé en envisageant de légiférer pour interdire le « Bonjour-Hi », le gouvernement Legault semble froid à l’idée de relancer le débat sur la place du français dans l’affichage commercial.
En 2016, les libéraux de Philippe Couillard ont renoncé à rouvrir la Loi 101, après qu’un tribunal eut tranché qu’elle ne permettait pas à l’Office québécois de la langue française (OQLF) d’imposer un descriptif en français (comme « les jouets Toys ‘R’ Us ») à des détaillants.
Ils ont plutôt mis en place un règlement, dénoncé par la Coalition avenir Québec, auquel doivent se conformer les entreprises au plus tard le 20 novembre prochain.
Les Old Navy, Best Buy et autres Casey’s du Québec doivent assurer « une présence suffisante » du français sur leur façade, au moyen d’un slogan ou d’une autre mention en français située sur la devanture, mais pas nécessairement au même endroit que le logo.
L’OQLF N’INTERVIENT PAS
Or, quelques minutes à peine ont été nécessaires, rue Sainte-Catherine à Montréal, pour constater que plusieurs commerces ne respectent pas la politique mise en place il y a déjà trois ans.
Le français était carrément absent de certaines façades. Dans d’autres cas, seuls les néons d’un écriteau « Ouvert » ou une affiche discrète sur les promotions en cours permettaient d’assurer une certaine présence du français. Idem au quartier DIX30 à Brossard.
Les nombreux récalcitrants n’ont toutefois rien à craindre : l’OQLF n’a pas déterminé à quel moment elle interviendrait pour vérifier la conformité des entreprises.
« La date de la prochaine mesure de l’évolution de la conformité linguistique de l’affichage n’est pas connue pour le moment, a confirmé une porte-parole. Cet élément sera inclus dans la programmation quinquennale » devant être élaborée dans les prochains mois.
Cette situation choque Maxime Laporte, du Mouvement Québec français.
« C’est carrément une politique de façade. Depuis l’adoption de la Loi 101, on est passé de l’affichage unilingue en français, au bilinguisme avec prédominance du français, et maintenant “ça”. C’est un recul, le visage commercial de Montréal n’est plus français. »
Il ne s’explique pas que l’OQLF n’ait pas, depuis l’entrée en vigueur du règlement, songé à se fixer une date pour un examen de la conformité.
Le dernier examen de conformité remonte à plus de deux ans.
À l’époque, pas moins de 23 % des commerces de Montréal avaient été jugés non conformes.
Dans l’Ouest-de-l’Île, c’est le tiers des boutiques et restaurants ayant pignon sur rue qui contrevenaient à la loi.