Le Journal de Montreal

Des avions polluants, mais indispensa­bles

- SYLVAIN LAROCQUE

Nolinor, Chrono Aviation, Air Inuit, et les autres compagnies aériennes qui exploitent de vieux avions polluants pour desservir le Grand Nord ont reçu une attention dont ils se seraient bien passés dans le cadre de la présente campagne électorale fédérale.

En plein Face-à-Face sur TVA, il y a dix jours, le chef conservate­ur Andrew Sheer a critiqué son adversaire libéral Justin Trudeau pour le nolisement d’un Boeing 737-200 de la firme Nolinor de Mirabel.

M. Sheer s’est moqué de M. Trudeau en se demandant si l’appareil âgé de 44 ans servait à transporte­r des « accessoire­s » ou des « costumes ». Le premier ministre, qui se déplace à bord d’un 737 plus récent d’Air Transat, a répliqué que le deuxième avion transporta­it de l’équipement afin de permettre à sa campagne de couvrir plus de terrain.

Entré en service en 1968 et construit jusqu’en 1988, le modèle 737-200 est l’un des avions qui consomment le plus de carburant parmi tous ceux qui sont actuelleme­nt en exploitati­on au Canada.

Pourquoi, alors, volent-ils encore ? Parce que le 737-200 est le seul jet à pouvoir atterrir sur les pistes de gravier qu’on trouve partout dans le Grand Nord. Ses moteurs en forme de cigare sont gourmands, mais le fait qu’ils sont éloignés du sol diminue grandement le risque d’absorption de pierres.

« UNE QUESTION DE SURVIE »

« Il y a une vérité implacable : dans le Nord, ces avions-là servent encore à apporter le lait et les patates. C’est une question de survie pour les gens qui habitent dans ces territoire­s éloignés », explique Dany Gagnon, vice-président de Chrono Aviation.

L’entreprise compte dans sa flotte deux 737-200 construits dans les années 1980 et en ajoutera bientôt deux autres. Nolinor en exploite neuf, et Air Inuit, quatre.

M. Gagnon assure que Chrono tente de réduire les émissions de gaz à effet de serre de ces vieux appareils.

« Par exemple, on fait des décollages à puissance réduite quand c’est possible, si nous avons une longueur de piste suffisante et une bonne météo », dit-il.

Chrono compense aussi une partie de ses émissions avec un programme de sensibilis­ation environnem­entale dans des écoles.

De son côté, Nolinor entend annoncer, au printemps, un ensemble de mesures pour réduire ses émissions.

Marco Prud’homme, vice-président de Nolinor, tient toutefois à préciser que les autres modes de transport génèrent aussi d’importante­s émissions de GES.

« Contrairem­ent aux véhicules routiers, l’aviation n’a pas besoin de millions de kilomètres de routes, de milliers de ponts, de centaines de tunnels, de milliers de stations d’essence », note-t-il.

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