Le Journal de Montreal

MAUVAISE ADRESSE

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Un lecteur, A. Mainguy, remarque que le verbe adresser est trop souvent employé dans le sens de « parler à quelqu’un ». « C’est un anglicisme, non ? » Oui. C’est un « faux ami », un « vrai faux ami ». Un « faux ami », ou anglicisme sémantique, est un terme d’une langue étrangère ressemblan­t graphiquem­ent ou phonétique­ment à un mot de sa propre langue, mais n’en possédant pas le même sens. Au Canada francophon­e, un « faux ami » est donc un mot français auquel on donne à tort le sens d’un mot anglais qui lui ressemble. Ex. : adresser un problème (to address a

problem) au lieu d’aborder un problème, de s’occuper d’un problème ; adresser quelqu’un (to address

someone) au lieu de s’adresser à quelqu’un. « Cette faute de langage est-elle maintenant acceptée » ? se demandait récemment, tout en connaissan­t assurément la réponse, une lectrice, Rolande C. Non, elle n’est pas acceptée.

On peut adresser une lettre ou adresser la parole à quelqu’un, mais on ne peut pas adresser quelqu’un, ni adresser un problème, ni adresser un problème à quelqu’un. On peut cependant adresser quelqu’un à quelqu’un : l’infirmière praticienn­e adresse un patient à un spécialist­e. Comme nous l’avons écrit il y a quelque temps en réponse à une question de A. Dawson, adresser signifie principale­ment faire parvenir (une lettre, un colis, etc.) ; dire quelque chose à quelqu’un. Ex. : Adressez ce colis à votre père, mais ne lui adressez aucun reproche.

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