Nike met fin à l’Oregon Project après la suspension de Salazar
Créé en 2001, le programme visait à offrir un encadrement aux jeunes athlètes
WASHINGTON | (AFP) Nike arrête les frais : le géant américain a annoncé hier la fin de l’Oregon Project après la suspension la semaine dernière de l’entraîneur phare de ce groupe d’entraînement d’athlétisme de très haut niveau, l’Américain Alberto Salazar, pour « incitation » au dopage.
« Cette situation et d’autres allégations infondées perturbent de nombreux athlètes et les empêchent de se concentrer sur leur entraînement et leurs compétitions », déclare le PDG de la marque à la virgule, Mark Parker, dans un message interne. « J’ai donc pris la décision de mettre fin à l’Oregon Project. »
Ce centre d’entraînement a été créé en 2001 sur le campus de Nike dans l’Oregon pour briser l’hégémonie des Éthiopiens et des Kényans, en recrutant de jeunes talents et en multipliant les innovations en matière de préparation.
Le patron du géant américain continue toutefois de soutenir l’ancien entraîneur de Mo Farah, quadruple champion olympique et sextuple champion du monde (5 000 et 10 000 m), estimant qu’une suspension de quatre ans pour quelqu’un qui a agi en toute bonne foi est une mauvaise décision ».
L’agence américaine antidopage (USADA) « a établi qu’il n’y avait pas eu de dopage institutionnalisé, n’a trouvé aucune preuve que des médicaments destinés à améliorer les performances ont été utilisés sur des athlètes de l’Oregon Project et a souligné la volonté d’Alberto de respecter toutes les règles », argumente le patron de Nike,
SALAZAR INCITAIT GOUCHER
Il estime toutefois que « Alberto ne peut plus entraîner en attendant l’examen de son appel ».
Plusieurs athlètes avaient réclamé cette fermeture, parmi lesquelles l’Américaine Kara Goucher, membre du groupe entre 2004 et 2011.
« Si j’étais Nike, je ferais venir de nouveaux entraîneurs et tournerais la page de cet Oregon Project, car il est clair que ses principes ne correspondent pas à ceux du sport propre et qu’il faut tout recommencer à zéro », a asséné Goucher, qui avait révélé à la BBC en 2015 qu’Alberto Salazar l’avait encouragée à prendre des médicaments pour la thyroïde pour l’aider à perdre du poids après une grossesse.
Elle a témoigné lors des deux audiences d’arbitrage qui ont mené à la suspension par l’USADA de l’ancien triple vainqueur du marathon de New York.
Injections trop importantes d’acides aminés (qui favorisent la combustion des graisses), expériences avec de la testostérone, documents médicaux falsifiés... l’USADA a mis au jour, après six ans d’enquête, une série de dérapages de Salazar. Dans son rapport, l’agence antidopage américaine affirme que M. Parker était en copie de courriels sur l’avancée des recherches du Nike Oregon Project.
TESTOSTÉRONE EN GEL
Dans un courriel daté de 2011, Alberto Salazar explique, notamment au PDG de Nike, avoir injecté pour un test, à l’un des entraîneurs du NOP, une dose d’un mélange d’acides aminés et de dextrose (glucose) nettement supérieure aux règles de l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Deux ans plus tôt, dans un autre courrier électronique, le Dr Jeffrey Brown, qui collabore au NOP et a lui aussi été suspendu quatre ans, évoquait des expériences menées avec de la testostérone sous forme de gel.
L’affaire Salazar n’en finit plus de secouer l’athlétisme. Mardi, la fédération britannique, qui avait confié en 2013 un poste de consultant pour son programme d’endurance à l’entraîneur américain, a annoncé la démission de son directeur technique national, Neil Black, en poste depuis 2012.
« CETTE SITUATION ET D’AUTRES ALLÉGATIONS INFONDÉES PERTURBENT DE NOMBREUX ATHLÈTES ET LES EMPÊCHENT DE SE CONCENTRER SUR LEUR ENTRAÎNEMENT. » – Mark Parker, PDG de Nike