Le Journal de Montreal

UNE AMERTUME ENCORE VIVE

Réal Cloutier n'a jamais digéré d'avoir été << tassé >> par les Nordiques

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Pilier offensif adulé à l’époque des Nordiques de l’AMH, Réal Cloutier a savouré l’accession de l’équipe à la Ligue nationale en 1979. Les moments de réjouissan­ces auront toutefois été brefs, et à ce jour celui que l’on surnomme « Buddy » revient encore difficilem­ent sur cette période sans évoquer la rancoeur qui l’habite toujours.

Il y a 40 ans, Cloutier s’avérait l’un des chouchous du public de Québec et l’un des joueurs qui a entamé avec le plus de fracas la transition entre le circuit maudit et la LNH.

Face aux Flames d’Atlanta, au Colisée, pour le tout premier match des Nordiques dans la cour des grands, « Buddy » complétait un tour du chapeau en troisième période, dans un revers de 5-3. C’était le premier coup d’éclat d’une saison productive de 42 buts.

« Pour nous, c’était la grosse affaire. L’AMH n’avait pas été très reconnue et on était plusieurs joueurs à vouloir prouver des choses. Au Québec, on a toujours vécu avec le Canadien, et pour les gens, c’était important d’intégrer la LNH.

Cette première soirée, c’était extraordin­aire ! Je faisais tomber le livre des records en partant, en plus contre Daniel Bouchard et mon chum Guy Chouinard de l’autre bord. C’était l’enfer, ça hurlait. Les gens réalisaien­t enfin qu’à Québec, ce n’était pas vrai qu’on était né pour un petit pain. Personnell­ement, cette première saison dans la LNH avec 42 buts, j’en suis encore très fier », raconte aujourd’hui l’ancien attaquant explosif.

LE DÉBUT DE LA FIN

Autant ces souvenirs sont précieux, autant les moments qui ont suivi alimentent son incompréhe­nsion, quatre décennies plus tard.

Après sa deuxième saison hypothéqué­e par une blessure subie lors d’un banal match estival de balle-molle, Cloutier a continué de produire offensivem­ent avant d’être échangé à Buffalo pour la saison 1983-84.

Il a toujours associé l’arrivée des frères Stastny au déclin de la « vieille garde » des Nordiques, et estime que l’accession de Michel Bergeron derrière le banc en 1980 a changé drastiquem­ent le portrait.

« Je n’ai rien contre les Stastny, on aurait inscrit des tonnes de points en jouant avec eux. Mais Bergeron avait d’autres plans. Avant son arrivée, il avait dit que les Cloutier, (Marc) Tardif et (Serge) Bernier, ça allait lever. Il nous a tassés graduellem­ent en nous faisant passer pour des causeurs de troubles. J’ai vite compris que quand t’es le valet, t’es pas le roi », image-t-il avec dégoût.

TOUJOURS DIFFICILE

Aujourd’hui, Cloutier se dit néanmoins fier d’avoir défendu l’uniforme fleurdelis­é. Les années de l’AMH et la première saison dans la LNH demeurent ancrées dans sa mémoire et son coeur.

C’est plutôt la fin de l’associatio­n avec l’équipe qu’il ne digère toujours pas.

« Les gens n’auront jamais eu la chance de voir Tardif, Stastny et Cloutier jouer sur la même ligne. Dans mon esprit, ça a privé Québec d’une Coupe Stanley, rien de moins. Des gars comme Marc et moi avons porté la franchise à bout de bras à ses débuts. Ce sont des joueurs comme nous qui l’avons amenée dans la LNH. Les débuts étaient magiques, mais la fin est triste », résume-t-il.

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PHOTO D’ARCHIVES, LE JOURNAL

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