Le Journal de Montreal

UN BRAS DE FER PAYANT

Michel Goulet a force la main á la LNG pour évoluer à Québec

-

Durant leur trop bref passage dans la LNH, les Nordiques ont souvent eu maille à partir avec des joueurs récalcitra­nts à l’effet de s’installer à Québec. Il n’en a clairement pas toujours été ainsi, et l’exemple le plus éloquent, dès leur première saison, demeure Michel Goulet, qui a livré une bataille à la ligue pour forcer sa venue dans l’équipe et la ville de son coeur.

La fierté de Péribonka avait conclu un pacte avec les Bulls de Birmingham, dans l’AMH, en 1978. Or, son contrat prévoyait spécifique­ment qu’advenant une fusion entre le circuit maudit et la LNH, si les Nordiques faisaient le saut dans la grande ligue, Goulet les suivrait.

Le stratagème a évidemment été invalidé par les bonzes de l’époque de la Ligue nationale, mais devant l’impasse, Goulet et les Nordiques ont fait équipe avec l’avocat Guy Bertrand pour dissuader les équipes de le repêcher.

« C’était de belles manigances avec Me Bertrand, Marcel Aubut et Maurice Fillion. Me Bertrand avait même menacé de poursuivre n’importe quelle équipe qui allait me repêcher », se souvient le « Gou », fort amusé de la démarche, 40 ans plus tard.

La pression exercée par l’avocat à la féroce réputation a visiblemen­t créé son effet puisqu’au 20e rang du repêchage, les Nordiques repêchaien­t Goulet, exauçant du même coup son voeu le plus cher.

« J’avais joué mon hockey junior avec les Remparts et c’est là que je souhaitais vivre ma carrière profession­nelle. C’était risqué et ça paraissait spécial comme position, mais c’est un beau gambling qui a marché parce que ça m’a permis de vivre 10 belles années dans la LNH à Québec. Je n’ai aucun regret d’avoir utilisé cette stratégie », assure le prolifique marqueur, qui avait aussi fait pression pour obtenir un contrat en français.

DÉBUTS MODESTES

Les partisans au sang bleu se remémorent encore aujourd’hui les 548 buts de Goulet, dont 456 avec les Nordiques, qui l’ont conduit au Temple de la renommée en 1998. Le productif ailier gauche avait connu une saison recrue prometteus­e, mais modeste, avec 22 buts, en 1979. « C’était vraiment une belle année pour moi, même si je jouais la plupart du temps sur le troisième ou quatrième trio. J’ai appris beaucoup de plusieurs vétérans, dont Marc Tardif, qui m’avait énormément aidé à composer avec la pression. Cette année-là, c’était une grande chaise musicale avec plusieurs joueurs qui partaient et d’autres qui arrivaient. Jacques Demers avait fait au mieux avec ce qu’il avait sous la main », rappelle Goulet.

UNE ÉNERGIE SPÉCIALE

Le numéro 16, malgré beaucoup de vécu, n’est pas près d’oublier l’accueil chaleureux des amateurs de Québec quand leur équipe a monté en grade dans la LNH.

« C’était incroyable ! Il y avait tellement d’énergie dans la ville même si nous n’avions pas une excellente équipe. On a connu une bonne première moitié de saison, mais ça a été plus dur par la suite. On a vite compris que, quand le Canadien débarquait en ville, ce n’était pas Birmingham ».

Quant à sa brillante carrière à Québec, Goulet s’estime privilégié de faire partie des monuments de l’histoire de l’équipe.

« Je voulais juste essayer de m’améliorer d’année en année. Connaître une belle saison, ça peut arriver à tout le monde, mais ce n’est pas facile de produire constammen­t et c’était important pour moi », indique l’auteur de quatre saisons de plus de 50 buts.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, LE JOURNAL ??
PHOTO D’ARCHIVES, LE JOURNAL

Newspapers in French

Newspapers from Canada