Le Journal de Montreal

Nordiques : déjà 40 ans

- Propos recueillis par Roby St-Gelais

On célèbre cette semaine les 40 ans de l’entrée des Nordiques dans la Ligue nationale. Quarante-ans, déjà!

En 1979, j’étais toujours à la barre des Draveurs de Trois-Rivières. On venait de remporter deux coupes du Président et je ne m’imaginais pas du tout un an plus tard me retrouver aux commandes des Nordiques. Ma vie, c’était Trois-Rivières, et j’étais dans une bonne organisati­on, tout en étant bien entouré.

À cette époque, c’était quelque chose de grandiose à Québec après toutes ces années dans l’Associatio­n mondiale (AMH). Les partisans avaient prouvé qu’ils étaient prêts à accueillir une équipe de la LNH. Il était temps de passer à l’étape supérieure.

Jacques Demers a été congédié après la première année. Et le téléphone a sonné à un moment donné. C’était Maurice Filion. Il est venu me rencontrer à Trois-Rivières pour m’offrir le poste d’adjoint. À ce moment, on ne savait pas qui serait l’entraîneur-chef et Maurice ne voulait rien me dire. On saura ensuite que sa décision était prise alors qu’il a amorcé la saison derrière le banc.

Maurice Filion était un solide homme de hockey. Il avait permis aux Remparts de remporter la coupe Memorial et j’avais le goût de le suivre dans ce rôle. Mais au bout de six matchs, il m’a nommé coach après un match à Winnipeg, ce à quoi je n’aurais jamais pensé à ce moment. Il avait commencé à réfléchir dans l’avion parti de Los Angeles vers Winnipeg.

À mon avis, la meilleure transactio­n de Maurice a été celle faisant l’acquisitio­n du gardien Daniel Bouchard en 1980. Ça nous a permis de participer aux séries de 1981. Même si on a été éliminé en cinq matchs par les Flyers, c’était un grand pas en avant à notre deuxième année d’existence.

UNE RIVALITÉ INCROYABLE

Dimanche, il s’agira également du 40e anniversai­re du premier match opposant les Nordiques au Canadien. J’ai connu cette rivalité pendant huit ans, et selon moi, c’est la plus belle rivalité jamais vue tous sports confondus.

Le Canadien appartenai­t à Molson, les Nordiques à O’Keefe. La province était divisée en deux. Imaginez. On jouait deux matchs hors-concours et huit autres en saison, sans compter ceux en séries lors de certaines années. Les deux équipes s’affrontaie­nt à 17 reprises lorsque les séries allaient à la limite! On avait toujours l’impression que c’était un match de la finale de la Coupe Stanley.

Dans chacune des quatre séries dans les années 1980 que j’ai vécues contre le Tricolore, il y a toujours eu un événement marquant : le but de Dale Hunter en 1982, la bataille du Vendredi saint en 1984, la victoire en sept au Forum en 1985 et le but refusé à Alain Côté en 1987.

D’ailleurs, ça me rappelle une petite anecdote. Les médecins des Nordiques me disaient que c’était lors de ces affronteme­nts où les hôpitaux connaissai­ent leurs moments les plus tranquille­s. Tout le monde voulait regarder ça.

Il a même fallu que Maurice Filion et Serge Savard décident d’arrêter les matchs de la période des Fêtes parce que les familles étaient trop divisées. Ça aurait pu dégénérer en bagarre!

Quand j’allais chercher mon café au dépanneur, l’employé me répétait : « il faut les battre ». Et ce, deux semaines avant de rejouer contre eux alors qu’on devait affronter entre temps les Whalers et les Bruins, par exemple. Les gens prenaient cette rivalité à coeur.

JOURNALIST­ES AU COEUR

Il ne faut pas non plus oublier que les journalist­es des deux marchés ont alimenté la rivalité. Albert Ladouceur, Maurice Dumas, Claude Cadorette, Claude Larochelle, Claude Bédard, d’un côté, contre les Réjean Tremblay, Bertrand Raymond et Yvon Pedneault, notamment.

Les journalist­es de Québec voulaient que l’aventure des Nordiques fonctionne.

Le grand René Lecavalier avait même été invectivé par un amateur à Québec qui lui avait dit qu’il était un partisan du Canadien. Disons qu’il avait mal pris ça.

Je suis nostalgiqu­e à me rappeler ces souvenirs quatre décennies plus tard, mais cela a été des moments marquants.

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PHOTO D’ARCHIVES La rivalité entre le Canadien et les Nordiques donnait toujours lieu à des matchs intenses.

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