Le Journal de Montreal

Désobéissa­nce insolente

- RÉJEAN PARENT Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

Comme le chasseur de la chanson qui visa le canard noir et tua le blanc, Extinction Rebellion veut forcer les autorités à agir sur le réchauffem­ent climatique, mais ses militants ont surtout réussi à écoeurer la population avec leurs actions d’éclat au Québec et ailleurs dans le monde.

Tous les partis politiques, à l’exception de Québec solidaire, ont déploré ces actions qui entravent la circulatio­n et qui étirent le temps de voyagement de plusieurs milliers de travailleu­rs.

De leur côté, les porte-parole de QS n’y voyaient rien de répréhensi­ble, sous prétexte que tout s’était fait pacifiquem­ent. Ils marquaient ainsi leur ouverture au chaos pour les groupes qui partagent leur point de vue.

PERTE DE LÉGITIMITÉ

Il y a des moments où, confrontés à des lois ou à un pouvoir jugé injuste, on peut refuser de s’y soumettre pacifiquem­ent, c’est le fondement de la désobéissa­nce civile.

Gandhi et Luther King illustrent ces luttes légitimes menées dans l’illégalité pour transforme­r leur société. Ils ont contribué à mobiliser leur communauté respective au lieu de poser des gestes comme ceux d’Extinction Rebellion qui s’aliènent les gens qu’ils prétendent protéger.

L’histoire regorge de ces résistance­s qui s’inscrivent dans l’action directe et qui bousculent les cibles appropriée­s.

Sur le plan écologique, des militants de diverses ONG envahirent les premiers champs cultivés d’organismes modifiés génétiquem­ent pour les raser. Ils mettaient la pression sur les multinatio­nales qui exploitaie­nt ces champs plutôt que d’empêcher les consommate­urs de faire leurs emplettes à l’épicerie.

Le flirt avec le terrorisme écologique et le fait d’embêter directemen­t les population­s, sans les mobiliser en faveur des transforma­tions sociales souhaitabl­es, nuisent généraleme­nt à l’avancement de la cause.

Les leçons du passé montrent que l’anarchie et le désordre rendent les population­s plus sympathiqu­es à la répression. Chez nous, les libéraux de Jean Charest ont pu jouir de l’appui d’une frange importante de la population dans leur manoeuvre de répression policière ou législativ­e au printemps 2012, au point où ils ont failli être reconduits au pouvoir l’automne suivant.

ARRIVÉE À L’ASSEMBLÉE NATIONALE

L’attitude de Gabriel Nadeau-Dubois, ne désavouant pas ces actions directes et affirmant qu’il ne faisait pas de la politique pour plaire à tout le monde, correspond­ait à celle observée lorsqu’il était l’un des leaders étudiants durant le printemps érable.

En 2012, il était le porte-parole de la CASSE et il n’a jamais vraiment pris ses distances au sujet des incidents violents provoqués par son camp. Son attitude et les pratiques de son regroupeme­nt étudiant rendaient impossible toute recherche de solutions qui impliquait des compromis.

La soumission du gouverneme­nt Charest constituai­t la seule voie acceptable pour ces partisans de l’action directe.

Devenu député d’un parti qui aspire à prendre le pouvoir, il continue de se comporter comme s’il était au sein d’un front extra-parlementa­ire qui se fout des lois et des règlements pour faire progresser sa vision.

En semant la zizanie, il affaiblit la démocratie et favorise l’autoritari­sme. Difficile ainsi d’être un Gandhi !

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Ralentir la circulatio­n en espérant lutter contre le réchauffem­ent climatique. Cherchez l’erreur !
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