Quel pouvoir pour le Bloc québécois ?
Des Québécois au pouvoir comme le font miroiter les libéraux et les conservateurs ? Ou une voix forte pour le Québec à Ottawa, comme le promet le Bloc québécois ?
C’est le choix auquel sont confrontés les électeurs. Voter du bon bord ou pour la balance du pouvoir dans l’espoir d’un gouvernement minoritaire ?
LE PRIX DU BLOC QUÉBÉCOIS
Jusqu’ici Yves-François Blanchet a évité de fixer un prix trop précis pour son appui à un gouvernement minoritaire.
« Des gains pour le Québec » est son modus operandi.
La réalité, c’est que les libéraux seraient plus enclins à négocier avec les néo-démocrates et les verts. On imagine mal Justin Trudeau renoncer définitivement à contester la loi 21 après avoir plaidé qu’il serait irresponsable de le faire.
Surtout, pour être conséquent, le Bloc québécois devrait obtenir des avancées claires sur le front des fameuses demandes du Québec présentées par François Legault en début de campagne. Sur ce front, l’alliance naturelle serait davantage avec les conservateurs d’Andrew Scheer.
UN MARIAGE BLEU ?
Aussi incongru qu’il puisse sembler, un mariage conservateurs-bloquistes ne serait pas sans précédent. C’est grâce à l’appui du Bloc québécois que Stephen Harper avait assuré la survie de son faible gouvernement minoritaire à ses débuts. Gilles Duceppe ne pouvait tout simplement pas tourner le dos aux 2,7 milliards $ en règlement du déséquilibre fiscal que le chef conservateur avait déjà promis aux Québécois.
Cette fois-ci, Andrew Scheer aurait l’embarras du choix pour amadouer le chef bloquiste. N’a-t-il pas lui-même promis l’impôt unique, plus de pouvoirs en immigration pour le Québec, le respect des champs de compétence des provinces, et surtout de ne pas se mêler de la loi 21 ?
Certes, la question du pipeline et du corridor énergétique pose problème. Mais difficile d’imaginer un fragile gouvernement minoritaire se lancer dans une telle opération.
Le Bloc québécois aurait surtout le gros bout du bâton face aux conservateurs.
Jagmeet Singh a d’emblée déclaré que jamais il n’appuierait un gouvernement Scheer.
Aussi incongru qu’il puisse sembler, un mariage conservateurs-bloquistes ne serait pas sans précédent
On imagine mal les conservateurs répondre aux exigences climatiques d’Elizabeth May.
C’est l’ironie de cette campagne, les meilleures chances du Bloc de tirer profit de la balance du pouvoir passent par l’élection d’un gouvernement conservateur.
Or, pour prendre le pouvoir, Andrew Scheer misait justement sur des gains au Québec, dont le prive la percée du Bloc québécois.
Pourquoi donc ne pas élire des futurs ministres pour défendre le Québec au Conseil des ministres ?
Bienvenue aux dilemmes du vote stratégique.