Le Journal de Montreal

Quel pouvoir pour le Bloc québécois ?

- EMMANUELLE LATRAVERSE Analyste politique emmanuelle.latraverse@tva.ca

Des Québécois au pouvoir comme le font miroiter les libéraux et les conservate­urs ? Ou une voix forte pour le Québec à Ottawa, comme le promet le Bloc québécois ?

C’est le choix auquel sont confrontés les électeurs. Voter du bon bord ou pour la balance du pouvoir dans l’espoir d’un gouverneme­nt minoritair­e ?

LE PRIX DU BLOC QUÉBÉCOIS

Jusqu’ici Yves-François Blanchet a évité de fixer un prix trop précis pour son appui à un gouverneme­nt minoritair­e.

« Des gains pour le Québec » est son modus operandi.

La réalité, c’est que les libéraux seraient plus enclins à négocier avec les néo-démocrates et les verts. On imagine mal Justin Trudeau renoncer définitive­ment à contester la loi 21 après avoir plaidé qu’il serait irresponsa­ble de le faire.

Surtout, pour être conséquent, le Bloc québécois devrait obtenir des avancées claires sur le front des fameuses demandes du Québec présentées par François Legault en début de campagne. Sur ce front, l’alliance naturelle serait davantage avec les conservate­urs d’Andrew Scheer.

UN MARIAGE BLEU ?

Aussi incongru qu’il puisse sembler, un mariage conservate­urs-bloquistes ne serait pas sans précédent. C’est grâce à l’appui du Bloc québécois que Stephen Harper avait assuré la survie de son faible gouverneme­nt minoritair­e à ses débuts. Gilles Duceppe ne pouvait tout simplement pas tourner le dos aux 2,7 milliards $ en règlement du déséquilib­re fiscal que le chef conservate­ur avait déjà promis aux Québécois.

Cette fois-ci, Andrew Scheer aurait l’embarras du choix pour amadouer le chef bloquiste. N’a-t-il pas lui-même promis l’impôt unique, plus de pouvoirs en immigratio­n pour le Québec, le respect des champs de compétence des provinces, et surtout de ne pas se mêler de la loi 21 ?

Certes, la question du pipeline et du corridor énergétiqu­e pose problème. Mais difficile d’imaginer un fragile gouverneme­nt minoritair­e se lancer dans une telle opération.

Le Bloc québécois aurait surtout le gros bout du bâton face aux conservate­urs.

Jagmeet Singh a d’emblée déclaré que jamais il n’appuierait un gouverneme­nt Scheer.

Aussi incongru qu’il puisse sembler, un mariage conservate­urs-bloquistes ne serait pas sans précédent

On imagine mal les conservate­urs répondre aux exigences climatique­s d’Elizabeth May.

C’est l’ironie de cette campagne, les meilleures chances du Bloc de tirer profit de la balance du pouvoir passent par l’élection d’un gouverneme­nt conservate­ur.

Or, pour prendre le pouvoir, Andrew Scheer misait justement sur des gains au Québec, dont le prive la percée du Bloc québécois.

Pourquoi donc ne pas élire des futurs ministres pour défendre le Québec au Conseil des ministres ?

Bienvenue aux dilemmes du vote stratégiqu­e.

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Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, lors du débat des chefs jeudi dernier.
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