Un manque de transparence jugé « achalant »
La Ville de Montréal ne calcule pas les coûts engendrés par les opérations d’urgence des centaines d’immeubles résidentiels qui ont eu besoin d’être évacués en raison de leur mauvais état.
De 2014 à 2018, la Ville de Montréal a dû procéder à 402 évacuations sur son territoire pour divers motifs, notamment en raison de l’insalubrité ou la dangerosité du bâtiment.
Il s’agit d’un phénomène qui connaît une bonne augmentation, car on ne répertoriait que 120 évacuations de 2007 à 2013.
Or, la Ville ne tient que très peu de données sur ce type d’activités, notamment sur le nombre d’expulsions par année, un manque de transparence qui est déploré par Danielle Pilette, professeure de l’Université du Québec à Montréal en gestion municipale et métropolitaine.
PAS DE BILAN DÉTAILLÉ
« Le manque de transparence est achalant parce que la Ville devrait faire un bilan détaillé de ce genre d’opération », estime l’experte en gouvernance, alors qu’elle aimerait connaître les secteurs sur l’île de Montréal où la détérioration se fait davantage sentir.
Lorsque Le Journal a voulu savoir les sommes que Montréal a dû investir pour payer les rénovations et tous les frais reliés aux expulsions, il a seulement été précisé que la Ville « ne collige pas les données », mais « a facturé les propriétaires fautifs » à l’aide d’une hypothèque légale, « ce qui garantit la récupération des sommes déboursées pour chaque évacuation ».
HAUSSER LEUR VALEUR
Toutefois, Montréal a « grand avantage » à user de ses pouvoirs pour rénover les bâtiments et lutter contre la détérioration et l’insalubrité des immeubles, affirme Danielle Pilette.
« Quand elle vient réparer les immeubles qui en ont besoin, ça vient hausser la valeur de la propriété et celles environnantes, ce qui va avoir des impacts positifs sur les recettes fiscales, via les taxes foncières », fait-elle valoir, ajoutant que le manque de transparence est « compensé » par ces gains.
Les citoyens en ressortent également « gagnants » du fait que la sécurité du public se retrouve améliorée, ajoute Mme Pilette.