Le Journal de Montreal

Un manque de transparen­ce jugé « achalant »

- ANTOINE LACROIX

La Ville de Montréal ne calcule pas les coûts engendrés par les opérations d’urgence des centaines d’immeubles résidentie­ls qui ont eu besoin d’être évacués en raison de leur mauvais état.

De 2014 à 2018, la Ville de Montréal a dû procéder à 402 évacuation­s sur son territoire pour divers motifs, notamment en raison de l’insalubrit­é ou la dangerosit­é du bâtiment.

Il s’agit d’un phénomène qui connaît une bonne augmentati­on, car on ne répertoria­it que 120 évacuation­s de 2007 à 2013.

Or, la Ville ne tient que très peu de données sur ce type d’activités, notamment sur le nombre d’expulsions par année, un manque de transparen­ce qui est déploré par Danielle Pilette, professeur­e de l’Université du Québec à Montréal en gestion municipale et métropolit­aine.

PAS DE BILAN DÉTAILLÉ

« Le manque de transparen­ce est achalant parce que la Ville devrait faire un bilan détaillé de ce genre d’opération », estime l’experte en gouvernanc­e, alors qu’elle aimerait connaître les secteurs sur l’île de Montréal où la détériorat­ion se fait davantage sentir.

Lorsque Le Journal a voulu savoir les sommes que Montréal a dû investir pour payer les rénovation­s et tous les frais reliés aux expulsions, il a seulement été précisé que la Ville « ne collige pas les données », mais « a facturé les propriétai­res fautifs » à l’aide d’une hypothèque légale, « ce qui garantit la récupérati­on des sommes déboursées pour chaque évacuation ».

HAUSSER LEUR VALEUR

Toutefois, Montréal a « grand avantage » à user de ses pouvoirs pour rénover les bâtiments et lutter contre la détériorat­ion et l’insalubrit­é des immeubles, affirme Danielle Pilette.

« Quand elle vient réparer les immeubles qui en ont besoin, ça vient hausser la valeur de la propriété et celles environnan­tes, ce qui va avoir des impacts positifs sur les recettes fiscales, via les taxes foncières », fait-elle valoir, ajoutant que le manque de transparen­ce est « compensé » par ces gains.

Les citoyens en ressortent également « gagnants » du fait que la sécurité du public se retrouve améliorée, ajoute Mme Pilette.

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DANIELLE PILETTE Professeur­e en gestion municipale

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