Le Journal de Montreal

Le dernier tabaculteu­r québécois

Il est le seul producteur d’ici à ne pas avoir délaissé ce marché pour faire pousser autre chose

- GENEVIÈVE QUESSY Collaborat­ion spéciale

L’ASSOMPTION | Le seul producteur de tabac encore en activité au Québec vient de terminer sa 80e récolte pour cette terre passée de père en fils.

Depuis le début des années 2000, Robin Janson, de L’Assomption, dans Lanaudière, est le seul tabaculteu­r encore en activité au Québec.

Pour la 80e fois, son champ est jaune de tabac et le sera encore pour de nombreuses années, assure l’homme de 55 ans.

« Je suis loin de penser à ma retraite, et mon fils de 20 ans, Jocelyn, compte prendre la relève. Donc, pour nous, ça va se continuer dans le tabac », annonce M. Janson.

Travailler pour une industrie qui génère un produit nocif pour la santé des usagers ne l’inquiète pas.

« Ce n’est pas mon tabac qui est mauvais, ce sont les centaines de produits que les cigarettie­rs mettent dedans. »

UN PLAN A

Son fils ne s’imagine pas dans un autre métier non plus.

« Je fais un DEP [Diplôme d’études profession­nelles] en mécanique industriel­le pour avoir un plan B en cas de besoin, mais chaque matin, je pars en pensant à ce que j’ai à faire en revenant. Ma tête est à la ferme ! » s’enthousias­me-t-il.

Quand les cigarettie­rs ont cessé d’acheter le tabac québécois, Robin Janson a pu continuer à cultiver le sien parce qu’Impérial Tobacco l’achetait pour la cigarette Édition Québec.

Ce n’est plus le cas. « La compagnie a été rachetée et j’ai senti que le vent tournait. Je ne voulais pas me retrouver le bec à l’eau, alors j’ai trouvé un autre acheteur pour mon produit. »

AUX ÉTATS-UNIS

Désormais, le tabac de Lanaudière est envoyé à l’encan en Caroline du Nord, où il se vend entre 2 $ et 3 $ la livre.

« Il pourrait se retrouver n’importe où dans le monde », avance M. Janson.

Entre la mi-août et la mi-septembre, la récolteuse automatiqu­e passe cinq fois à travers les 70 acres de champs pour récolter les feuilles à mesure qu’elles mûrissent. À son bord, les travailleu­rs fauchent trois feuilles à la fois. Le tabac est ensuite enfourné dans le séchoir pour 7 à 10 jours, à des températur­es entre 95 et 100 °C. Une fois séchées, les grandes feuilles sont livrées en ballots de 700 livres à l’encan.

Avec la quinzaine d’employés, tous des travailleu­rs étrangers, Robin, sa femme, Susanne, et Jocelyn Janson sèmeront ensuite du seigle pour enrichir leur terre à tabac durant l’hiver.

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 ?? PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE, GENEVIÈVE QUESSY ?? Robin Janson dans son champ. En mortaise, les casiers remplis de feuilles de tabac sont mis au séchoir.
PHOTOS COLLABORAT­ION SPÉCIALE, GENEVIÈVE QUESSY Robin Janson dans son champ. En mortaise, les casiers remplis de feuilles de tabac sont mis au séchoir.

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