Le Journal de Montreal

Retour en force de la tordeuse

L’infestatio­n de l’insecte ravageur gagne du terrain un peu partout

- OLIVIER ROY MARTIN Collaborat­ion spéciale

QUÉBEC | La tordeuse des bourgeons de l’épinette a infesté des zones équivalent­es à près de 30 fois la taille de l’île de Montréal en un an.

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a publié son plus récent rapport sur la progressio­n de cet insecte qu’il qualifie comme étant « le plus destructeu­r des forêts de l’Amérique du Nord ».

Chaque printemps, les chenilles voraces sorties de leur hibernatio­n se nourrissen­t des bourgeons aux extrémités des sapins et des épinettes, conduisant la majorité des arbres vers la mort dans une période variant entre 3 et 10 ans après la première attaque.

GROSSE HAUSSE À QUÉBEC

C’est dans la région de la Capitale nationale que la progressio­n est la plus spectacula­ire : la superficie des forêts infestées a plus que doublé en un an, passant d’environ 300 à 700 kilomètres carrés.

L’épidémie a commencé sur la CôteNord en 2006 et se propage actuelleme­nt dans des zones encore épargnées jusqu’à maintenant. Cette propagatio­n s’explique par le fait que les chenilles devenues des papillons vont se déplacer sur de grandes distances grâce aux vents.

Chaque papillon pond jusqu’à 200 oeufs et il leur suffit d’atterrir dans un milieu favorable, soit une forêt comptant des conifères, pour que l’espèce prospère.

Le taux de propagatio­n est « similaire » aux années antérieure­s, selon la conseillèr­e en communicat­ion du ministère des Forêts, Catherine Thibeault.

L’industrie forestière est dans « une course contre la montre ».

« On s’inscrit dans une course contre la montre pour récolter des régions affectées avant qu’on ne puisse plus récolter le bois touché », lance le directeur des affaires publiques de Produits forestiers résolus, Karl Blackburn.

Les compagnies forestière­s s’empressent de récolter les zones touchées parce que la qualité et la quantité du bois diminuent à chaque passage annuel de l’épidémie de la tordeuse dans une même forêt.

« Les volumes de bois à l’hectare vont diminuer de manière importante. Dans certains cas, ça va rendre les peuplement­s moins récoltable­s, parce qu’il y a un seuil. En bas de 50 mètres cubes de rendement à l’hectare, ce n’est plus rentable d’y aller », indique André Gilbert, le directeur général de la coopérativ­e forestière Boisaco, à Sacré-Coeur.

« On est bien triste de voir que ça progresse », se désole-t-il.

Ces épidémies qui durent environ 25 ans au Québec sont un phénomène cyclique. Au pic de la dernière épidémie en 1975, les tordeuses des bourgeons de l’épinette s’en étaient pris 323 000 km2 de forêts.

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