La Chine de tous les dangers
Comment le Canada et le Québec doivent-ils agir face à la nouvelle Chine qui émerge ? Nos dirigeants semblent incapables de répondre à cette question. Pourtant, d’ici quelques années, la Chine dominera l’économie et la politique mondiales.
Lors du dernier débat, l’attitude des chefs de partis se résumait à deux propositions : 1) il faut faire libérer les deux Canadiens injustement emprisonnés en Chine et 2) il faut aider les producteurs de porcs ou de canola à exporter à nouveau en Chine. Justin Trudeau était blâmé pour le mauvais état des relations entre le Canada et la Chine.
La faiblesse de Justin Trudeau en relations internationales est devenue évidente. Mais le problème des relations entre le Canada et la Chine dépasse l’incompétence de Justin Trudeau. Il demande plus que des solutions simplistes.
UNE QUESTION VITALE
La montée de la puissance chinoise est devenue un enjeu vital pour les pays démocratiques.
Hier, Xi Jinping annonçait que ceux qui voulaient diviser la Chine auraient « le corps brisé et les os fracturés ». Avis aux pays qui critiquent le traitement que le gouvernement chinois applique aux Hongkongais, aux Ouïgours ou aux Taïwanais.
Ce ton dur et menaçant semble devenir la norme. À l’occasion de la parade militaire du 1er octobre dernier, Xi a déclaré qu’une « nouvelle ère de lutte » s’était ouverte.
En Chine, le ressentiment contre les ÉtatsUnis monte. Le Canada n’échappe pas à cette aigreur. Le parti communiste chinois lessive le cerveau de sa population en lui faisant croire que les malheurs passés proviennent essentiellement des puissances étrangères qui ont profité du pays. La revanche est donc permise, nécessaire même. Peu importe ses conséquences sur les pays démocratiques.
Or, il devient évident que les ÉtatsUnis, qui sont la clef de voûte des démocraties dans le monde, sont en train de s’autodétruire. Même si le processus d’autodestruction n’est pas mené à terme, ce qu’il faut espérer, les ÉtatsUnis en ressortiront très affaiblis.
LE CANADA COINCÉ
La récente entente annoncée par Donald Trump entre la Chine et les États-Unis, en agriculture et dans quelques autres domaines, n’augure rien de bon pour le Canada.
Les agriculteurs américains profiteront d’un accès privilégié au marché chinois, ce qui risque de nuire aux producteurs canadiens. Le Canada n’a pas les moyens de négocier avec la Chine un tel accès, sauf s’il renie l’indépendance de son système judiciaire et qu’il libère Meng Wanzhou, la vice-présidente de Huawei. Si les ÉtatsUnis renonçaient à la poursuivre, le problème ne serait que temporairement réglé. Tôt ou tard, le gouvernement chinois exigera du Canada de nouvelles concessions impossibles dans d’autres dossiers.
Les exigences du gouvernement chinois à l’égard du reste du monde vont augmenter. Le Parti communiste chinois estime qu’il s’agit pour lui d’une question de vie ou de mort et que les richesses du monde reviennent aux Chinois de plein droit, ne serait-ce qu’en dédommagement pour les actions passées des grandes puissances ou parce que la population chinoise forme 20 % de la population mondiale.
La guerre que livre la Chine au reste du monde est d’abord commerciale et intellectuelle. Le Canada doit s’armer financièrement et légalement pour y faire face. Sinon, il sera conquis.