Brigid Kosgei imite son compatriote
La Kényane a battu le record du monde féminin au lendemain de l’exploit d’Eliud Kipchoge
CHICAGO | (AFP) Quel week-end de folie pour le marathon. La Kényane Brigid Kosgei a explosé le vieux record du monde de Paula Radcliffe à Chicago hier, au lendemain de l’exploit de son compatriote Eliud Kipchoge, premier homme à courir, dans des conditions non homologuées, les 42,195 km en moins de deux heures.
Deux records dans des conditions diamétralement opposées.
Kosgei, 25 ans, n’a bénéficié que de l’aide de deux lièvres sur la quasi-totalité de la course pour boucler la distance en 2 h 14 min 04 s et enlever 81 secondes au record de la Britannique, qui datait de 2003.
À l’inverse, samedi en Autriche, Kipchoge, champion olympique et recordman du monde (2 h 01,39 à Berlin en 2018), a bénéficié d’une armée de 41 lièvres qui se sont relayés tout au long du parcours pour lui assurer un rythme homogène et le protéger du vent jusqu’au bout de son contre-la-montre bouclé en 1 h 59 min 40 s.
Cette course non officielle était commanditée par le géant britannique de la pétrochimie Ineos pour permettre l’exploit, avec un horaire choisi en fonction de conditions favorables, et sur un tracé sans imperfection, testé à maintes reprises.
UNE MINUTE D’AVANCE À MI-COURSE
Kosgei partait bien en favorite, un mois après avoir couru début septembre le demi-marathon le plus rapide de l’histoire (1 h 04 min 28 s, un record toutefois non homologué), avec un titre à défendre à Chicago sur un des marathons les plus prestigieux de la planète.
Elle a donné le ton dès le début, distançant dès les premiers kilomètres ses concurrentes.
À la mi-course, elle avait déjà plus d’une minute d’avance sur le record de Paula Radcliffe. Elle est ensuite restée largement dans les clous du record du monde jusqu’à la ligne d’arrivée.
Mais cette performance n’était pas attendue, tant les
2 h 15 min 25 s de Radcliffe semblaient hors de portée. En
16 ans, la fondeuse à s’en être rapprochée le plus près était la Kényane Mary Jepkosgei Keitany, en 2 h 17 min 01, en 2017.
Kosgei explose ainsi sa précédente marque de plus de 4 minutes, et devance les Éthiopiennes Ababel Yeshaneh
(2 h 20,51) et Gelete Burka
(2 h 20,55).
UNE QUÉBÉCOISE S’AFFIRME
D’autre part, Véronique Giroux a négocié la distance en 2h.54:18. L’athlète âgée de 25 ans avait remporté l’épreuve du 10 km dans le cadre du Marathon de Montréal récemment.
Chez les hommes, c’est le Kenyan Lawrence Cherono, vainqueur à Boston cette année, qui l’emporte en 2 h 05 min 45 s, dans une course qu’il a terminé au sprint devant les Éthiopiens Dejene Debela (2 h 05,46) et Asefa Mengstu (2 h 05,48).
FARAH SEULEMENT HUITIÈME
Le Britannique Mo Farah, qui avait gagné à Chicago en 2018 termine 8e en 2 h 09 min 58 s. Son rival attendu Galen Rupp, ancien partenaire d’entraînement au sein du Nike Oregon Project dont Farah a fait partie jusqu’en 2017 a abandonné, tout comme Jordan Hasay, elle aussi membre du NOP.
Ce centre d’entraînement d’élite du nord-ouest des ÉtatsUnis, fermé vendredi par Nike qui le finançait, est dans la tourmente depuis la suspension pour quatre ans de son maître à penser, Alberto Salazar, pour « organisation et incitation à une conduite dopante interdite » après six ans d’enquête de l’Agence antidopage américaine (Usada).
Le Kenya n’est pas épargné par les soupçons de dopage. Le pays a frôlé l’exclusion des Jeux de Rio en 2016 pour cette raison. Il a depuis pris des mesures, mais a encore été épinglé par un reportage de la ZDF fin septembre. La chaîne allemande affirmait, images à l’appui, qu’au moins deux athlètes présents aux Mondiaux de Doha ont été dopés à l’EPO, et que la fédération (AK) couvrait des cas de dopage.