Le Journal de Montreal

Québec fait de l’oeil à Tesla

Investisse­ment Québec s’apprête à miser des millions $ sur la filière lithium-ion

- FRANCIS HALIN

Québec a entamé en toute discrétion des discussion­s avec le géant Tesla pour le convaincre d’investir ici plutôt qu’en Ontario pour son éventuelle usine à batteries, a appris Le Journal.

« Mon équipe a échangé avec Tesla. Je vais au Consumer Electronic­s Show [CES] en janvier prochain. C’est possible que j’aille faire un tour chez Tesla », a confirmé au Journal le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, la semaine dernière.

Pour l’instant, on ignore l’ampleur du projet. Le ministre refuse de s’avancer, mais des sources au gouverneme­nt ont indiqué au Journal que son ministère cherchait des investisse­urs comme Tesla pour un projet d’usine en sol québécois.

Ces derniers jours, l’entreprise d’Elon Musk s’est rapprochée du Québec en achetant le fabricant de batteries ontarien Hibar Systems, qui a reçu 2 millions $ d’Ottawa. Un achat stratégiqu­e pour Tesla qui ne veut plus dépendre de son fournisseu­r japonais Panasonic.

À Bouchervil­le, l’usine de batteries d’autobus électrique­s Blue Solutions, appartenan­t au puissant Groupe Bolloré, qui aurait pu s’associer avec le géant, « n’est pas prête à court terme à fournir des batteries pour Tesla », selon son patron, Jean-Luc Monfort.

NOTRE LITHIUM POPULAIRE

Comme ses compétiteu­rs, Tesla redouble d’efforts en ce moment pour diversifie­r ses sources d’approvisio­nnement de lithium, pour éviter d’être à la merci de l’Australie ou de la Chine. C’est là que le Québec devient intéressan­t pour le géant californie­n.

« Tesla, comme tous les fabricants de voitures, se préoccupe de l’approvisio­nnement de batteries. La batterie, c’est quoi ? Principale­ment du cobalt, du graphite et du lithium », explique le ministre Pierre Fitzgibbon.

Selon lui, même si Nemaska Lithium peine à refinancer son projet de mine et d’usine, la minière doit être prête à répondre à la demande des constructe­urs.

« Tesla est l’un des gros joueurs, mais il y en a beaucoup d’autres. Il y en a des manufactur­iers automobile­s en Ontario et au Michigan », rappelle de son côté la PDG de Propulsion Québec, Sarah Houde, qui vient de publier une étude sur la filière.

D’après elle, le Québec a l’expertise et les ressources pour avoir sa propre usine de fabricatio­n ou de recyclage de batteries. Beauharnoi­s-Valleyfiel­d, Contrecoeu­r– Sorel-Tracy, Shawinigan, Montréal-Est et Bécancour pourraient l’accueillir.

Pour sa part, Nouveau Monde Graphite a déjà Bécancour dans sa mire. « On vient de faire une option d’achat sur un terrain de 200 000 mètres carrés pour une usine. On veut prendre nos flocons de graphite de Saint-Michel pour en faire une boule purifiée pour les constructe­urs », dit son PDG, Éric Desaulnier­s.

Jointe par Le Journal, Tesla n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

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PHOTOS AFP ET COURTOISIE, HIBAR SYSTEMS Tesla n’a pas encore annoncé publiqueme­nt qu’elle vient d’acheter le fabricant de batteries ontarien Hibar Systems, de Richmond Hill, au nord de Toronto.

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