Le Journal de Montreal

En désintox du jeu Fortnite

Il faisait semblant d’être malade pour y jouer, en plus d’avoir volé ses parents

- AMÉLIE ST-YVES Collaborat­ion spéciale

Pendant que le populaire jeu vidéo en ligne a arrêté de fonctionne­r dimanche, laissant des joueurs accros en désarroi, des jeunes comme Yohan Morin, sont en thérapie pour combattre leur dépendance.

NICOLET | Un adolescent qui a déjà fouillé dans les plafonds suspendus de sa maison à la recherche de sa console cachée par son père terminera bientôt une thérapie fermée pour sa dépendance au jeu vidéo Fortnite.

L’été dernier, Yohan Morin passait près de 18 heures par jour sur Fortnite. Il négligeait le sommeil, le brossage de dents et la douche, et ne mangeait qu’un repas par jour.

« Je n’étais même pas capable de mettre un stop à ma game pour aller aux toilettes », se souvient l’adolescent de 14 ans.

Yohan Morin faisait partie des 250 millions d’adeptes du jeu de tir et de survie en ligne. Fortnite a cessé de fonctionne­r dimanche, ce qui a créé le désarroi sur les réseaux sociaux depuis 2 jours.

Yohan aurait pu faire partie de ces jeunes désespérés, mais il est traité en thérapie fermée pour sa dépendance depuis le 14 août. Le Journal l’a rencontré avec son père à Nicolet, au Centredu-Québec, lors de sa première sortie autorisée à la maison depuis le début de sa thérapie.

« Je me sens libéré de ce que j’ai pu vivre, et pu faire vivre aux autres », a souligné l’adolescent, hier, la veille de son retour au Centre le Grand Chemin de Saint-Célestin, au Centre-du-Québec.

Il y participe chaque semaine à quatre rencontres de groupe et une rencontre privée.

SIMULER LA MALADIE

Dans la dernière année, l’adolescent a fait semblant d’être malade pour rater de l’école et jouer. Il y dépensait tout son argent de poche, et a même volé 400 $ à ses parents.

Son père a dû confisquer sa Xbox et l’a dissimulée dans un plafond suspendu, mais l’adolescent l’a trouvée. Pendant un mois, il a joué quand ses parents étaient absents, la remettant dans le plafond avant leur retour.

Il s’isolait de tout le monde, était agressif, et rien d’autre que sa console n’avait d’importance. À un certain point, c’en a été assez pour son père, Stéphane Morin.

« Je ne lui ai pas laissé le choix. C’était soit il allait en thérapie, soit il allait en foyer d’accueil. Je n’étais plus capable de tolérer sa façon d’être », raconte le père.

AVANT D’AMENER SON FRÈRE

L’adolescent a toutefois réalisé qu’il avait un problème une semaine avant son départ pour la thérapie, quand il a constaté que son petit frère de sept ans copiait ses comporteme­nts.

« Je l’amenais dans ma cyberdépen­dance », se désole-t-il.

Une fois au centre, il a compris qu’il n’a pas besoin de Fortnite pour se valoriser et entrer en contact avec les autres.

« Oui, j’ai des problèmes, mais tout le monde en a. J’ai réalisé que j’étais capable d’en parler », dit-il.

Une soixantain­e d’adolescent­s ont été accueillis au Grand Chemin depuis quatre ans pour une cyberdépen­dance. Les adolescent­s sont reçus par le réseau de la santé et les thérapies sont gratuites.

« JE N’ÉTAIS MÊME PAS CAPABLE DE METTRE UN STOP À MA GAME POUR ALLER AUX TOILETTES. J’ÉTAIS JUSTE PAS CAPABLE DE M’EN DÉFAIRE. » – Yohan Morin

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, AMÉLIE ST-YVES Yohan Morin, 14 ans, prend l’air près de chez lui, à Nicolet, à l’occasion de sa première sortie du centre où il suit une thérapie.

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