Le Journal de Montreal

Des experts écorchent le projet d’usine de gaz naturel

- ÉTIENNE PARÉ

Le projet de GNL Québec de construire une usine de liquéfacti­on de gaz naturel à Saguenay est sévèrement critiqué par une quarantain­e d’économiste­s québécois, qui doutent des bienfaits économique­s et écologique­s vantés par les promoteurs.

Le projet qui devrait voir le jour pour 2025 est déjà vilipendé par les militants environnem­entaux.

Dans une lettre ouverte qui sera publiée aujourd’hui, mais dont l’Agence QMI a obtenu copie, ils remettent en cause l’un des arguments de GNL Québec, qui insiste toujours pour dire que le gaz qui sera exporté par bateau à partir du Saguenay permettra de remplacer des sources d’énergie plus polluantes, comme le charbon.

CONSÉQUENC­E NÉGATIVE

« Contrairem­ent à ce que prétend son promoteur, le gaz transporté par ce pipeline pourrait bien remplacer du gaz convention­nel plus propre ou de l’électricit­é de sources renouvelab­les, et ainsi augmenter les émissions globales de GES », peut-on lire dans la lettre.

« Si l’offre de gaz augmente avec GNL Québec, le prix sur le marché va être bas et ça va nuire aux énergies solaire et éolienne et même aux sources de gaz plus propres. C’est un peu ce qui se passe présenteme­nt en Nouvelle-Angleterre, qui ne veut pas nous acheter de l’hydroélect­ricité parce que le gaz coûte des « peanuts » », a expliqué Éric Pineault, l’un des signataire­s, professeur à l’Institut des sciences de l’environnem­ent de l’UQAM.

Éric Pineault affirme qu’en temps normal, les 40 économiste­s auraient fait valoir leur argumentai­re lors des audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent (BAPE).

Or, ils déplorent que le ministre de l’Environnem­ent, Benoît Charrette, ait exclu que le BAPE se penche sur les impacts de ce projet sur le marché internatio­nal de l’énergie. Le bureau du ministre n’a pas souhaité commenter pour l’instant.

LA RÉPLIQUE DE GNL

Dans une vidéo publiée le mois dernier, des personnali­tés publiques affichent leur opposition à GNL Québec, craignent pour les population­s de bélugas dans le fjord du Saguenay, où d’énormes bateaux transporta­nt du gaz liquéfié passeraien­t.

Sans avoir vu la lettre, GNL Québec a tout de même voulu répliquer à ces arguments.

« Le gaz naturel ne se substitue pas aux énergies renouvelab­les existantes et joue un rôle de complément­arité dans la production énergétiqu­e des pays. Concernant la main-d’oeuvre, nous attirons déjà et recevons des CV de l’extérieur du Québec et travaillon­s avec les tables interordre­s en enseigneme­nt dans la région afin de développer une expertise régionale et développer des nouveaux créneaux d’enseigneme­nts », a réagi par courriel Stéphanie Fortin, directrice principale aux affaires publiques et relation avec les communauté­s pour GNL Québec.

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