Le Journal de Montreal

Un milliard $ pour une usine

Il faut aussi convaincre un manufactur­ier auto de se lancer

- CHARLES LECAVALIER

Il faudrait un investisse­ment de 500 M$ à 1 milliard $ pour mettre sur pied une usine de batteries au Québec, selon le directeur général du Centre d’excellence en électrific­ation des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec.

« Dans le passé, on a développé des technologi­es sans clients et sans manufactur­ier. On a appris de nos erreurs. Maintenant, on sait, si tu fais une usine, ça nous prend un fabricant, et des clients », soutient Karim Zaghib, qui a remporté un prestigieu­x prix scientifiq­ue québécois cette semaine, en entrevue avec notre Bureau parlementa­ire. L’an dernier, M. Zaghib affirmait au Journal que le Québec avait tous les atouts pour avoir une usine de batteries : la technologi­e, les ressources naturelles et la maind’oeuvre qualifiée. Il rêve toujours à ce projet et se réjouit de voir le gouverneme­nt à la recherche de partenaire­s privés pour se lancer dans cette aventure.

Son laboratoir­e a tous les brevets qui permettrai­ent la fabricatio­n de batteries lithium-ion destinées au marché automobile et est bien avancé dans l’élaboratio­n de la batterie sèche, la prochaine technologi­e dans ce domaine.

M. Zaghib, qui a coécrit plusieurs articles avec l’Américain John Goodenough, nouveau récipienda­ire du prix Nobel de chimie, estime qu’Hydro-Québec est au centre d’un écosystème qui pourrait faire du Québec une plaque tournante du lithium-ion. Il manque toutefois deux ingrédient­s essentiels.

« À droite : ça nous prend des clients. On ne peut pas développer une usine et une technologi­e sans clients. À gauche : on veut fabriquer des batteries. Il faudrait s’associer à un manufactur­ier qui s’y connaît », a-t-il indiqué.

Selon lui, il en coûterait entre 500 M$ et 1 milliard $ pour mettre sur pied une usine entièremen­t automatisé­e d’une capacité de 5 à 10 gigawatthe­ures (GWh). À titre de comparaiso­n, la production mondiale de batteries était estimée à 104 GWh en 2017.

RECYCLAGE

Le Québec est riche en matière première et possède plusieurs mines de lithium. Il pourrait toutefois créer une « mine urbaine » en devenant la plaque tournante mondiale du recyclage des batteries, croit Karim Zaghib. Son centre a développé une technologi­e qui permet de recycler 99 % des matériaux d’une batterie. Pour l’instant, on ne fait qu’extraire le cobalt et détruire le reste, déplore-t-il.

Une usine pilote est en constructi­on, en partenaria­t avec la québécoise Seneca. Mais il faut convaincre les géants de l’automobile. « Au Québec, au Canada, on a peu de voitures électrique­s. Nous devrions trouver des ententes avec les fabricants. Le Québec pourrait devenir un guichet unique mondial pour la réception des batteries », estime-t-il.

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PHOTO MARTIN ALARIE Le directeur général du Centre d’excellence en électrific­ation des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec, Karim Zaghib, présente une des batteries que son laboratoir­e a brevetées.

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