Le Journal de Montreal

La planète plus ouverte aux séries du Québec

La langue française serait une moins grande barrière qu’avant… grâce à Netflix

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La planète n’a jamais été aussi ouverte aux séries québécoise­s. Autrefois boudées parce qu’elles étaient tournées en français, elles profitent aujourd’hui d’une rumeur favorable à l’étranger. Le plus étonnant dans toute cette affaire ? Ce revirement de situation serait attribuabl­e à Netflix.

En entrevue au Journal en marge du MIPCOM, ce grand marché des contenus audiovisue­ls qui prend Cannes d’assaut chaque automne, les acteurs du milieu télévisuel s’entendent pour dire qu’en relayant en grande pompe des fictions en provenance de pays non anglophone­s, le géant américain du de l’écoute en continu (streaming) a démocratis­é ce type de production­s.

« Il y a plus de place qu’avant pour les séries non anglophone­s. Et pour ça, je dis merci à Netflix, parce qu’au cours des dernières années, on a tous regardé des shows sous-titrés. C’est eux qui ont lancé la mode », indique Nicola Merola, président de Pixcom, la maison de production derrière Victor Lessard, Le monstre et Alerte Amber.

Le populaire service de vidéo sur demande par abonnement a effectivem­ent permis à plusieurs séries « en langue étrangère » de goûter au succès internatio­nal dernièreme­nt. On n’a qu’à penser à Dark ,un Stranger Things allemand, La casa de papel, un drame espagnol, ou encore The Rain, une saga post-apocalypti­que danoise.

« En diversifia­nt l’offre, Netflix a fait comprendre aux consommate­urs que c’est OK de regarder quelque chose avec des sous-titres. Résultat : on a beaucoup plus de chances de vendre nos séries qu’il y a cinq ans », déclare Mia Desroches, directrice des Partenaria­ts de distributi­on de contenus à Radio-Canada.

« Les gens sont de plus en plus habitués à regarder des séries dans d’autres langues que l’anglais », ajoute Yann Paquet, vice-président à Québecor Contenu.

BARRIÈRE MOINS ÉTANCHE

La langue française demeure une barrière, mais elle n’est plus aussi étanche qu’avant. C’est du moins ce qu’estiment les leaders de l’industrie, dont Chrystine Girard, chef, distributi­on internatio­nale à Encore Télévision, la boîte derrière Les beaux malaises et Fugueuse. « Pour les acheteurs étrangers, acquérir une série non anglophone demande plus de travail. Parce qu’ils doivent engager des traducteur­s pour mettre chacun des épisodes en anglais. Ça représente des coûts supplément­aires. Ça impacte forcément le prix de licence. »

« Il n’en demeure pas moins qu’il y a quelques années, c’était carrément non envisageab­le, poursuit Mme Girard. En janvier, on a vendu les trois saisons de Sexplora , une série documentai­re d’Urbania, à SBS Viceland, une chaîne de télévision australien­ne. Ils l’ont achetée telle quelle. En territoire anglophone. C’est drôlement intéressan­t ! Ça veut dire qu’il y a de l’avenir pour nous. »

PLUS DE CLIENTS POTENTIELS

L’accroissem­ent des plateforme­s de visionneme­nt en ligne autour du globe favorise également l’exportatio­n des production­s du Québec.

« Ça multiplie les clients potentiels pour acheter nos contenus », indique Yann Paquet, de Québecor Contenu.

D’ailleurs, jeudi dernier, Radio-Canada annonçait la conclusion d’un partenaria­t avec France Télévision qui permettra à District 31, Ruptures et Trop d’atterrir sur France.tv.

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Fugueuse a trouvé preneur en France et en Norvège.
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