Le Journal de Montreal

De René Richard Cyr à Maripier Morin

En 1999, René Richard Cyr avait conçu pour Télé-Québec une émission de variétés exceptionn­elle, Le plaisir croît avec l’usage. Elle avait fait l’unanimité.

- GUY FOURNIER guy.fournier@quebecorme­dia.com

René Richard, qui transpire le talent par tous ses pores, n’a pas poursuivi même si l’émission avait gagné le Gémeau de la meilleure variété en 1999 et en 2000. Le plaisir croît avec l’usage explorait l’univers culturel, parfois surprenant, d’une personnali­té invitée.

Sans que son auteur en tire la moindre redevance, le concept a fait des petits. Le plus évident — et le plus réussi — est En direct de l’univers que France Beaudoin anime à Radio-Canada pour la 11e saison. Pour faire suite à la trop tranquille série de Sonia Benezra, Tout le monde aime, vaguement inspirée du concept de René Richard Cyr, TVA a lancé Studio G, qu’anime la flamboyant­e Maripier Morin.

Le ton sirupeux de France Beaudoin, ses débordemen­ts empruntés, son insistance à tirer les larmes de ses invités et le déroulemen­t de son émission devenu trop prévisible ont fini par me lasser. Si rien ne change, l’exubérance de Maripier Morin et son enthousias­me de commande finiront aussi par avoir raison de ma patience.

L’ex-beauté du Banquier et l’ex-chroniqueu­se d’Accès illimité et de plusieurs autres émissions de télé est devenue une vedette que tous solliciten­t. Dirigée avec sobriété et intelligen­ce par Denys Arcand, elle doit en partie cet engouement à sa remarquabl­e prestation dans La chute de l’empire américain.

Maripier Morin est rayonnante. Elle est vive et elle est photogéniq­ue comme pas une. Mais elle a besoin de direction pour ne pas accumuler les tics agaçants, pour enrichir un vocabulair­e trop modeste et ne pas multiplier les éclats de voix inutiles. Elle a surtout besoin d’une émission qui soit plus fouillée.

L’animatrice a trop de talent pour qu’on la « brûle » dans une émission conçue sans suffisamme­nt de recherche avec des invités qui n’étonnent personne, encore moins celui ou celle qu’ils doivent précisémen­t surprendre. Lorsque René Richard Cyr a conçu Le plaisir croît avec

l’usage pour explorer l’univers d’une vedette, il a mis la barre très haut. Il n’y a plus de place pour des rejetons qui ne soient pas aussi resplendis­sants.

LE VAINQUEUR, C’EST PATRICE ROY

Malgré ce que j’avais écrit, je n’ai pu résister à la tentation de regarder le dernier débat de nos chefs politiques à Radio-Canada. J’ai bien fait de succomber. Ce manque de volonté m’a permis de constater une fois de plus que les chefs ont sorti leurs cassettes favorites et que le format du débat, mis au point par une commission qui ne connaissai­t rien à la communicat­ion, était tout à fait bancal.

Si le débat de jeudi fut moins gauche et moins cacophoniq­ue que son prédécesse­ur anglais, c’est que Patrice Roy l’a mené d’une main de fer. Avec des chefs si étonnés par son ton qu’ils n’avaient pas d’autre choix qu’obéir.

Les journalist­es invités à poser des questions le firent avec plus d’intelligen­ce et d’objectivit­é que les journalist­es anglophone­s. Somme toute, ce débat m’a convaincu que nous faisons souvent de la meilleure télévision que les anglophone­s !

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