Un poisson sur trois n’est pas le bon
Près de la moitié des cargaisons de poissons et fruits de mer inspectées par le fédéral de janvier à mai 2018 a été rejetée pour insalubrité ou un faux étiquetage, selon des documents obtenus par Le Journal.
Malgré ces statistiques inquiétantes, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a cessé les inspections d’arrivages de l’étranger en 2019. Elle vérifie plutôt la paperasse des importateurs.
Selon 400 pages de documents obtenus en vertu de demandes d’accès à l’information, l’ACIA a inspecté 455 cargaisons de janvier à mai 2018, soit un peu plus de 5 % des importations. Pour la même période en 2019, quatre inspections ont été menées. Parmi les 455 inspections, près de la moitié a été soit rejetée ou des correctifs ont été demandés, soit 221 arrivages. La majorité était due à une mauvaise identification, soit l’importation d’un poisson en le faisant passer pour une autre espèce.
ÇA VA EXPLOSER
« Ça va vraiment exploser un jour », craint une ex-employée à la retraite de l’ACIA, sous le couvert de l’anonymat. À son départ, elle voyait le manque d’inspecteurs et de ressources.
« Il n’y a plus la barrière des inspections », dit-elle. Si un lot de poissons présente un risque pour la santé humaine, les inspecteurs avisés devront le chercher sur le marché, puisqu’il sera déjà distribué.
Par courriel, l’ACIA affirme que les mesures de salubrité « ont été renforcées » en demandant aux importateurs des plans de contrôle préventif. Elle ajoute que les inspections « sont effectuées à une fréquence basée sur les risques ».
SANTÉ À RISQUE
« On vérifie un papier, mais pas le produit », s’offusque le consultant en inspection alimentaire Serge Nolin, qui croit que la santé des Canadiens est à risque.
Avec près de la moitié des cargaisons inspectées en 2018 qui présentait un problème, il ajoute que l’ACIA n’inspectait « visiblement » pas pour rien.
Pour sa part, l’importatrice de poissons et fruits de mer Isabelle Rémy, qui sonnait déjà l’alarme dans Le
Journal en mai dernier, souligne que l’ACIA n’a toujours pas inspecté son plan de contrôle préventif depuis janvier.