Le Journal de Montreal

Une policière se dit harcelée par ses boss

La femme affirme que sa carrière a été « sabotée »

- STÉPHANIE MARTIN

Une enquêteuse de la police de Lévis dénonce le harcèlemen­t dont elle affirme avoir été victime de la part de ses supérieurs et qui a, selon elle, démoli sa carrière.

« Ma carrière a été sabotée », a témoigné France Béland lors d’une audience, hier, devant le Tribunal administra­tif du travail.

Elle conteste une décision de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail qui a jugé qu’elle n’a pas subi de lésion profession­nelle. La femme prétend que l’état dépressif qu’elle a vécu est lié à ce qu’elle vivait au travail. Elle a aussi déposé une plainte pour harcèlemen­t psychologi­que.

La sergente-détective enquêteuse a relaté comment sa carrière de 23 ans comme policière a été « bouleversé­e totalement » par le dénigremen­t dont elle dit avoir été victime de la part de deux de ses supérieurs entre 2014 et 2016.

Le premier, Martin Savoie, occupait le poste de sergent-détective principal par intérim et est aujourd’hui capitaine au Service de police de la Ville de Lévis (SPVL).

« Il m’a isolée, rabaissée, il m’a retiré des formations auxquelles j’avais droit, il m’a retiré des dossiers d’envergure sans raison. Il criait comme si j’étais une moins que rien », a relaté la policière.

Les deux policiers vivaient alors une relation intime que la dame a décrite comme « tumultueus­e ». Les problèmes se sont transposés au travail. Mme Béland soutient que M. Savoie la traitait devant ses collègues de « tête de noix », de « petit cerveau », de « botcheuse ».

Pourtant, a-t-elle fait valoir, avant ces épisodes, elle n’avait jamais reçu de sanction disciplina­ire et collection­nait les distinctio­ns.

« ILS VEULENT TOUS TE FOURRER »

Quand elle recevait des compliment­s de la part de collègues masculins sur ses réalisatio­ns, M. Savoie lui répondait : « C’est parce qu’ils veulent tous te fourrer, c’est juste que t’es pas assez intelligen­te pour t’en rendre compte, a-t-elle raconté. J’étais un morceau de viande. »

Le manège s’est poursuivi sous le successeur de M. Savoie, Steeve Ruel, qu’elle a identifié comme un « bon chum » de M. Savoie, et qui lui faisait des « crises » devant ses collègues, parfois pour des banalités.

« L’emprise sur moi s’est poursuivie. Il s’est mis à me crier après. [...] C’est comme si j’étais un fantôme dans le bureau. »

La cause reviendra devant le Tribunal administra­tif du travail en mars 2020.

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