Un tueur pourrait purger neuf ans
La juge n’a pas encore accepté la suggestion des avocats, qu’elle a qualifiée « d’extrêmement clémente »
Un homme qui a tué sa conjointe avant de s’ouvrir la gorge devant leur bambin de 18 mois pourrait-il s’en tirer avec neuf ans de détention ? Une juge a récemment qualifié cette suggestion « d’extrêmement clémente ».
Le dossier de Donald Fleurival comporte plusieurs zones d’ombre.
Et la juge Hélène Di Salvo veut tenter d’en éclaircir quelques-unes avant de prononcer la sentence de l’homme de 46 ans.
Initialement accusé du meurtre non prémédité de sa conjointe Kerlande Noël, Fleurival a plaidé coupable à un chef réduit d’homicide involontaire, en juillet dernier.
La semaine dernière, les avocats de la Couronne et de la défense ont suggéré conjointement à la magistrate de condamner l’accusé à neuf ans de détention.
La juge Di Salvo a semblé réticente à accepter la proposition des avocats, qu’elle a qualifiée « d’extrêmement clémente » dans un cas de violence conjugale commis en présence d’un jeune enfant.
« BOMBE À RETARDEMENT »
« Personne ici ne peut m’assurer que l’enfant n’est pas en danger [à la sortie de prison de l’accusé ni] qu’il n’y a pas de risque de récidive », a soutenu la magistrate, au palais de justice de Laval.
« Je suis face à un dossier où je n’ai aucune idée si M. Fleurival est une bombe à retardement », a poursuivi la juge Di Salvo, se disant inquiète de la situation.
Les circonstances de ce crime sont particulières. Le 23 octobre 2016, deux ouvriers qui effectuaient des travaux sur le bâtiment où résidaient M. Fleurival et sa conjointe ont entendu des cris intenses.
L’un d’entre eux s’est dirigé vers la
porte du logement situé sur le boulevard Dagenais Est, à Laval, et a aperçu le quadragénaire complètement ensanglanté, couteau à la main.
Déjà blessé au cou, Fleurival s’est tranché la gorge à la vue du travailleur.
Ce dernier s’est précipité à l’intérieur du logement, où il a constaté la présence d’un bambin en pleurs dans un parc. L’ouvrier a sorti l’enfant et l’a confié à son collègue afin qu’il soit mis en sécurité.
Le travailleur a ensuite tenté d’aider Fleurival, mais celui-ci était agressif et brandissait le couteau dans sa direction. Il avait également ingurgité de l’eau de javel pour tenter de mettre fin à ses jours.
Le bon samaritain a ensuite découvert le corps de Mme Noël gisant au sol, à moitié dissimulé sous le lit de la chambre principale. La femme de 27 ans était en arrêt cardio-respiratoire, mais son corps ne portait aucune marque de violence.
« Une amie de Kerlande Noël rapporte avoir reçu les confidences de cette dernière. Mme Noël l’appelait et lui rapportait souvent être victime de mauvais traitements de la part de son conjoint, Donald Fleurival », lit-on dans le résumé conjoint des faits, dont a obtenu copie.
« DIEUX MALÉFIQUES »
Selon le pathologiste, une suffocation pourrait être à l’origine de sa mort.
À la suite de sa tentative de suicide, Fleurival a été évalué par un psychiatre quant à sa responsabilité criminelle.
L’accusé avait alors évoqué que des « dieux maléfiques » issus de la croyance vaudou avaient eu un rôle à jouer dans le drame. Mais le psychiatre avait conclu que les troubles mentaux de Fleurival étaient apparus après le crime et non avant. Il prend des antipsychotiques depuis. Devant ce portrait des plus « flous », la juge Di Salvo a ordonné la confection d’un rapport présentenciel pour en connaître davantage sur l’accusé.
La cause reviendra devant le tribunal en décembre. La juge pourrait alors accepter la peine suggérée par les avocats ou la rejeter et en imposer une autre.