Des délais exaspérants pour protéger la forêt des coupes
Des citoyens dénoncent la bureaucratie à laquelle ils se heurtent depuis des années
« J’AI NEUF PETITS-ENFANTS ET JE LE FAIS POUR EUX, MAIS AUSSI POUR TOUS
LES AUTRES PETITS-ENFANTS. » – Claude Samson
Des citoyens des Laurentides et de Lanaudière qui cherchent à protéger des territoires des coupes forestières disent se buter à la lenteur bureaucratique du gouvernement depuis des années.
« C’est une épée de Damoclès [au-dessus de nos têtes] », dénonce Claude Samson, qui lutte pour préserver les forêts du mont Kaaikop, à moins de deux heures de Montréal, depuis maintenant six ans.
À l’époque, il avait obtenu une injonction d’urgence pour stopper temporairement les coupes forestières sur la montagne, un site de randonnée et de villégiature prisé. Depuis, il essaie de faire désigner l’endroit comme une aire protégée.
Avec d’autres citoyens, il a formé le groupe Ecko. Ce dernier propose un « éco-corridor », soit une zone à l’abri des coupes qui inclurait les monts Kaaikop et Ouareau, ainsi que les parcs régionaux Forêt Ouareau et des Sept-chutes, entre autres, afin de favoriser l’industrie récréotouristique.
OASIS VERTE
La demande d’Ecko est de protéger environ 400 km2 pour garder une oasis verte assez près des grands centres urbains.
Or, plusieurs secteurs de ces forêts font partie de la planification du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) pour d’éventuelles coupes jusqu’en 2023, fait valoir le groupe.
La présidente d’Ecko et résidente de Cherstey, Linda Otis, soutient qu’avec la crise climatique annoncée, il est capital de protéger des forêts accessibles à une population urbaine et non dans le Grand Nord. Le territoire qui serait ainsi protégé compte pour moins de 5 % des forêts accessibles aux compagnies forestières, dit-elle.
Le groupe suit les étapes prescrites pour faire désigner une aire protégée, mais il demeure exaspéré par les délais.
« Je ne sais pas ce qu’il faudrait faire de plus pour justifier ce projet-là », souffle Mme Otis.
Dans une réponse laconique, une porte-parole du Ministère soutient que le gouvernement « souhaite travailler dans un esprit de collaboration », mais ajoute que les aires protégées sont désignées par le ministère de l’Environnement.
À L’ÉTUDE
Une porte-parole de ce dernier souligne seulement que des propositions d’aires protégées sont à l’étude. Puisqu’une proposition visant le mont Kaaikop et la forêt Ouareau a déjà été reçue, aucune autre ne peut être prise en compte avant qu’on ait fini d’étudier la première, répond-on.
« C’est la stratégie de l’usure », croit Mme Otis, mais ni elle ni M. Samson n’entendent baisser les bras.
« J’ai neuf petits-enfants et je le fais pour eux, mais aussi pour tous les autres petits-enfants », ajoute ce dernier.