Le Journal de Montreal

Le plus fort gouverneme­nt minoritair­e de l’histoire du pays

- SARAH-MAUDE LEFEBVRE

Les Canadiens ne devraient pas retourner aux urnes de sitôt, puisque Justin Trudeau dispose de suffisamme­nt d’alliés potentiels pour gouverner pendant plusieurs mois, estiment des analystes politiques.

Le chef libéral n’a certes pas obtenu la majorité qu’il espérait. Mais avec 157 des 338 sièges en poche, il se retrouve à la tête du gouverneme­nt minoritair­e le plus solide de l’histoire du Canada.

Les libéraux ne sont qu’à une dizaine de députés du seuil crucial de 170 sièges, la majorité nécessaire pour faire adopter des projets de loi sans l’aide de l’opposition.

« Les libéraux ont potentiell­ement trois partenaire­s pour négocier : le NPD [Nouveau Parti démocratiq­ue], le Bloc québécois et le Parti conservate­ur. En plus, il (Trudeau) n’est pas dans une situation où ça aurait pris une combinaiso­n de deux partis pour arriver à 170 sièges », explique Jean-François Godbout, professeur de science politique à l’Université de Montréal.

PAS BESOIN D’UNE COALITION

Du point de vue strictemen­t mathématiq­ue, M. Trudeau est donc en bonne position pour gouverner sans avoir recours à une coalition où il faudrait qu’il cède une partie du pouvoir à ses opposants pour acheter leur appui, croit le chargé de cours en science politique de l’UQAM,

André Lamoureux. Une entente à moyen terme avec le NPD pourrait toutefois être possible, d’autant plus qu’une situation semblable s’est déjà produite par le passé.

« Lorsque Pierre Elliott Trudeau s’est retrouvé à la tête d’un gouverneme­nt minoritair­e en 1972, le chef du NPD David Lewis a offert sa pleine collaborat­ion au Parti libéral. Pendant deux ans, il a collaboré sur à peu près tout : discours du trône, les budgets, les lois, etc. Ce n’est que deux ans plus tard, en 1974, que le NPD a décidé de ne pas appuyer le budget et qu’on est retourné en élections », rappelle M. Lamoureux.

BLOC ET NDP

Par ailleurs, hier, tant le Bloc québécois que le NPD ont promis de participer à ce nouveau gouverneme­nt de manière positive.

« Le Bloc québécois a une responsabi­lité dans la perspectiv­e de faire marcher le Parlement », a notamment affirmé hier le chef Yves-François Blanchet.

Les conservate­urs, eux, se sont montrés plus prudents à ce propos, hier. Le chef Andrew Scheer a laissé planer le doute, affirmant que la « responsabi­lité » de bien faire fonctionne­r le gouverneme­nt revenait au premier ministre libéral.

Selon des experts, aucun parti ne devrait toutefois se risquer à faire tomber les libéraux d’ici 18 mois, soit la durée moyenne d’un gouverneme­nt minoritair­e au Canada, afin de ne pas déplaire aux électeurs.

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